Réflexion sur l’ignominie : Bernard-Henri Lévy, la barbarie sioniste à visage humain

JEAN ELLEZAM

On 29/01/2025
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 Par Jean ELLEZAM, sociologue (1)

Le verbe haut, d’une somptueuse élégance, cache mal la plume de cour au service des puissants. Millionnaire avoué, il est le symbole incarné de la dimension oligarchique des élites françaises, jouxtant en permanence les arcanes du pouvoir.

L’ignominie est à son comble quand Bernard-Henri Lévy, légitime la barbarie sioniste. Le philosophe des beaux quartiers parisiens, zélé coreligionnaire du fanatisme judaïque, sanctifie l’horreur. Ce « Lévi », bourgeois nanti, auréolé du nom emblématique de la tribu des prêtres lévites, se croit tenu de soutenir les criminels sionistes. Rappelons que Lévi (Lévites) et Cohen (Cohanim) représentent le clergé du judaïsme depuis l’Antiquité hébraïque. La tribu des Lévis, comme celle des Cohen, récupère la dime, légifère et purifie. Encore aujourd’hui, dans les synagogues, aucun office religieux ne se fait sans eux.

Revêtant silencieusement les habits du prêtre ancestral, le dandy de la philosophie amplifie le discours hallucinogène des sanguinaires propagandistes coloniaux. Non seulement il ne s’émeut pas des images génocidaires atroces montrant Gaza meurtri, quasiment effacé, mais en plus, pervers, il justifie cette abominable exaction génocidaire.

Comparant les dévastations de l’Allemagne d’après-guerre forçant les nazis à capituler, et donc à négocier, l’habitué des plateaux-tv invective, bave aux lèvres. Tant que les palestiniens ne seront pas totalement exterminés, ils ne négocieront pas et menaceront Israël. L’inversion est à son comble. Le colonisateur se plaint de la révolte qu’il suscite. Honteusement, l’impérialisme sioniste est alors dans son bon droit d’effacer aussi bien les immeubles, les infrastructures essentielles, que les vies d’innocents.

Surenchère hors sol, le philosophe à la poitrine offerte idolâtre avec opiniâtreté la sauvagerie israélienne du titre d’armée « la plus morale du monde ». On reconnaitra là les thèses du fanatisme messianiste. Il est suivi dans son dévouement assassin par une cohorte de coreligionnaires tout aussi dévoués aux outrances des crimes sionistes. Aveuglés par la confusion, selon laquelle l’antisionisme est de l’antisémitisme, des penseurs comme Raphael Glucksmann, Raphael Enthoven, Alain Finkielkraut, se réclamant tous fièrement d’une genèse juive, se démenant à légitimer l’assassin contre la victime.

Pourtant, tous ces auteurs se disent de gauche et, paradoxalement, humanistes, alors que d’évidence la barbarie origine manifestement de ceux qu’ils défendent. Le génocide à Gaza découle bien d’une volonté israélienne que rien n’excuse, certainement pas le judaïsme offensé, ou l’humanisme trahi.

Si l’extrême droite, traditionnellement antisémite, se réjouit que les juifs assassinent des arabes jusqu’au génocide, il est pour le moins avilissant que des voix juives se mêlent au déshonneur. L’extrême droite raciste faisait d’une pierre deux coups : les juifs se chargeaient de se débarrasser des arabes en s’incriminant eux[1]mêmes comme assassins. Les juifs se muaient en gangsters colonialistes que la droite encense.

Mais, pour les juifs, participer à ce dessein génocidaire ne faisait que soutenir l’antisémitisme mondial dont on peut bien s’étonner par la suite. On piégeait la tradition humanitaire et pacifiste coutumière des juifs. De la même façon que le 11- Septembre, le Bataclan et Charlie Hebdo propagèrent l’islamophobie, le génocide à Gaza, les criminelles attaques sionistes contre la Cisjordanie et le Liban, répandent assurément l’antisémitisme.

Ce qui est le plus répréhensible chez le philosophe enfiévré n’est pas tant qu’il vante résolument son judaïsme supposément agressé. Ce qui désole, c’est qu’il a gracieusement offert sa caution intellectuelle et morale au massacre des innocents palestiniens, déjà meurtris dans une prison à ciel ouvert. Prise de position qui a encouragé l’ignominie guerrière de la presse mainstream occidentale. Ce journalisme coupable reprenait in extenso la version israélienne des choses, créant le consentement vertueux à l’extermination de Gaza (2). L’homme public qu’est Bernard-Henri Lévy a du sang sur les mains. L’adorateur des maitres multipliait, à travers son aura intellectuelle, la xénophobie profondément enracinée dans la société occidentale, qui ruisselle dans le génocide palestinien. (3)

À quoi bon avoir commis le livre de Lévy : la Barbarie à visage humain (4) concernant le Goulag russe, si des années plus tard, on défend une autre barbarie, qu’on justifie d’autres emmurés ? Il y a des barbaries plus admissibles que d’autres ? La sauvagerie lui semble plus légitime parce qu’il s’agit d’arabes ? Deux poids, deux mesures, qui révèlent en creux l’islamophobie sous-jacente et l’essentialisation du musulman, inhérents au sionisme de l’apartheid. Le même racisme qui naguère s’adressait aux juifs.

Surtout que les sionistes entendent défendre la supposée civilisation « judéo[1]chrétienne » éperdument menacée par l’islam. On se trompe d’ennemis. Comme si, les prétendus « frères » chrétiens n’auraient voulu que du bien aux juifs. Comme si les génocides, les pogromes, l’inquisition et les expulsions, qui jalonnent l’histoire chrétienne, émanaient des arabes. Les exterminés juifs, victimes de l’Holocauste, doivent se retourner dans leur tombe devant une telle alliance injuriant l’histoire. Historiquement, les musulmans ont sauvé les juifs contre les ignominies et les expulsions chrétiennes.

À Jérusalem, en 1099, les croisés barbares, chrétiens, incultes et crasseux, exterminent sauvagement hommes, femmes et enfants. Ces croisés imposent l’exclusivité du christianisme, dans la pure tradition d’intolérance culturelle, contre le concurrent juif . Ignorant cette manière de penser, Saladin-le-Grand, qui reprend la Ville Sainte un siècle plus tard, rétablit le pluralisme religieux, sauvant la religion juive en voie d’extinction. Événement quasi similaire. La très catholique Byzance orthodoxe, ville cruelle pour les juifs, lorsqu’elle deviendra Constantinople, en 1453, à la suite de la Conquête ottomane musulmane, offrira protection et respect pour les juifs. Asile apprécié des Juifs d’Espagne, expulsés par Isabelle la Catholique. Au XIVe siècle, la population juive de Constantinople représentera 10 % des habitants (30 000 personnes et 44 synagogues). (5)

Algérien de naissance, enfant du village de Béni Saf en Oranie (Algérie), Bernard[1]Henri Lévy, devrait être reconnaissant à la tolérance arabe et se soucier de l’apartheid sioniste. Ce juif séfarade aura historiquement bénéficié de la tradition tolérante des musulmans, longtemps Ottomane en son pays de naissance (trois siècles). À l’inverse, les français coloniaux catholiques en Algérie collaboreront avec les Nazis. Au point d’interdire l’accès à l’enseignement aux juifs et de les exclure des professions libérales. (6)

Les vichystes coloniaux français s’acharneront contre les juifs d’Algérie. En octobre 1940, la loi Crémieux qui protégeait les juifs est abolie. Loi qui conférait pourtant la nationalité française aux juifs depuis 1870. Dorénavant, les israélites devenaient des indigènes chassés, qui se heurtaient aux lois antisémites. Exclus du droit, les juifs devenaient étrangers sur leur terre ancestrale.

La similitude devrait interroger Bernard-Henri Lévi qui défend les envahisseurs israéliens contre les palestiniens colonisés, expropriés et massacrés. Parallèle évident avec les colons français, qui en ont fait tout autant avec les arabes.

Haute trahison, si l’intelligence philosophique universelle des juifs se met au service des criminels de guerre sioniste, le terrorisme d’État israélien a de beaux jours devant lui. D’une seule voix malfaisante, tous logiquement se croient tenus de clouer au pilori l’analyse pourtant lucide et humaniste de Jean-Luc Mélenchon, homme tant honni par la droite la plus cruelle, raciste et condescendante. Jeu pervers dans lequel le Mal devient le Bien.

Ce qu’il faut bien nommer une barbarie israélienne est soutenue par des philosophes non-juifs, comme Michel Onfray, qui déclare tout de go « l’antisionisme est la forme renouvelée de l’antisémitisme ». Abomination lexicale qui sera reprise telle quelle par nul autre que le président Macron. Homme d’État, bien connu pour son autocratisme qui, non seulement ne fait rien pour s’élever contre les massacres coloniaux israéliens, mais qui, de plus, alimentait encore récemment le soutien militaire de l’État paria.

Faut-il rappeler que d’illustres penseurs d’origines juives, comme Albert Einstein et Hannah Arendt, ont dénoncé avec vigueur et courage en leur temps, dès 1948, les crimes coloniaux des fanatiques terroristes sionistes. Heureux espoir, le mouvement Tsedek (Collectif juif décolonial), l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP), les militants juifs comme Pierre Stambul et le cinéaste Sivan Eyal, rappellent que partout, y compris en Israël avec Omer Bartov (7), l’antisionisme est une histoire juive (8) par essence. Coup de génie machiavélique de la propagande : comment les sionistes ont-ils pu convaincre les juifs qu’Israël était leur pays ? Comment le sionisme a pu s’inscrire par nature dans la haine de l’autre ?

On sait, avec Edwy Plenel (9), combien cette haine de l’autre nous force à nous décrire comme un jardin entouré par la jungle. Condescendance dévastatrice propagée par l’entre soi colonisateur. Cette vision fait fi du droit à la différence et du respect de l’autre. Elle érige indument les dominants en phare de l’humanité contre la supposée barbarie qui l’entoure, alors que c’est l’occident lui-même qui l’a créée par ethnocentrisme pervers et immoral.

Voilà que 76 ans plus tard, reprenant le flambeau des plus dangereux messies de l’Apocalypse, le « philosophe » parisien millionnaire, hargneux, s’exerce encore à l’extrémisme. Depuis des décennies, ce philosophe à l’abri du besoin, est sur tous les fronts de guerre (Afghanistan, Irak, Libye, Sahel, etc.), à croire que ce va-t-en-guerre aime le sang des autres, en particulier, maintenant, celui des palestiniens.

Adepte de la guerre tous azimuts, il s’en prend dorénavant à Dominique de Villepin. Dans une diatribe aussi mensongère qu’éhonté qui déshonore Lévy, le philosophe algérien crucifie le discours de paix de l’ancien premier ministre soudainement devenu antisémite, comme tous ceux qui s’opposent à la criminalité sioniste et à la guerre. Netanyahou va jusqu’à insulté l’ONU et son secrétaire général d’antisémite, ainsi que tous les tribunaux internationaux. Mon chien est surement antisémite!

Lévy, comme Israël, sont adeptes du propagandiste nazi Goebbels, selon lequel il faut toujours accuser l’autre de ce qu’on est soi-même, faute de quoi la vérité s’avoue criante. S’alliant d’évidence avec toutes les droites antisémites mondiales, Israël est paradoxalement le pays le plus antisémite qui soit. En France, la raciste xénophobe Marine Le Pen, n’est-elle pas la meilleure allier du sionisme ? À bon droit, les juifs peuvent crier « pas en mon nom ! ». Voilà pourquoi le franco-israélien Sylvain Cypel (10) peut écrire en quoi et pour quoi l’État d’Israël s’élève contre les juifs.

Lévy, président du Conseil de Surveillance de la chaine de télévision Arte, doit être empêché, au sens où Albert Camus disait « un homme, ça s’empêche ». Ce dernier décriait les forcenés de l’encerclement symbolique qu’il faut interdire. Faute de quoi, ces enragés se transforment en fauves. Il y a danger à croire et suivre la démence. L’innocence ne nous protège de rien.

On ne peut impunément se réclamer du judaïsme et le bafouer comme un vulgaire malfrat. Nous ne sommes plus à l’époque où les Lévi dictaient la loi. Le judaïsme n’a pas de pape, il n’en a jamais eu les moyens et ne le regrette pas. Un juif est condamné à la liberté de penser de par la nature de son existence. On ne peut, à tout-va, taxer d’antisémite tout ce qui bouge, sans se discréditer et porter le soupçon sur soi. L’insulte contre l’adversaire est éculée et cache mal la soif de sang des colonisateurs. Par cet anathème défraîchi, on assassine toutes critiques opportunes légitimes.

Le juif que je suis s’interdit l’onction du « prophète » belliqueux dut-il s’appeler Lévi.

  •  (1) Dernier livre paru : Jean Ellezam, Israël : L’Innocence Meurtrière, Édition Sociologie
  • ( 2) Cf. Le professeur au Collège de France, Didier Fassin, déclare que « c’est d’abord le sens moral de l’Occident qui s’est éteint depuis les attaques terroristes du 7-Octobre » Cf : Didier Fassin, Une étrange défaite , Sur le consentement à l’écrasement de Gaza. Ed La Découverte, 2024. le sociologue et anthropologue examine comment de nombreux responsables occidentaux ont accepté « la réalité statistique que les vies de civils palestiniens valent plusieurs centaines de fois moins que les vies de civils israéliens et l’affirmation que la mort des premiers mérite moins d’être honorée que celle des seconds ».
  • (3) Pascal Boniface ironise. Non content de la forfaiture sioniste, BHL justifie la bombardement de tout un peuple, à l’image d’un service après-vente du génocide, tel, le prisonnier mérite une leçon, ce dernier n’a pas compris qui est le maitre.. Pascal Boniface, BHL : service après-vente de crimes de guerre. https://www.youtube.com/watch?v=0GU-UZAleEU
  • (4) Bernard-Henri Lévy, La Barbarie à visage humain, Grasset, 1977.
  • (5) Gérard Hadad, Ismaël et Isaac, Édition Française, 2018, « C’est en terre d’islam que le judaïsme a le mieux traversé les siècles, même si les juifs avaient un statut inférieur de « dhimmis » ». Cf. l’historien israélien David J. Wasserstein, How Islam Saved the Jews, UAB on April 24. David J. Wasserstein (Sous la direction de) Israel Oriental Studies: Dhimmis and Others : Jews and Christians and the World of Classical Islam , 30 juin 1997
  •  (6) Dermenjian, Geneviève. « Les Juifs d’Algérie pendant la Seconde Guerre mondiale (1940- 1943) ». Antijudaïsme et antisémitisme en Algérie coloniale, Presses universitaires de Provence, 2018, https://doi.org/10.4000/books.pup.46858.

(7) Voir : Omer Bartov, cosignataire, avec plus de 1 500 universitaires et personnalités publiques américaines, israéliennes, et palestiniennes une lettre ouverte estimant qu’Israël appliquait « un régime d’apartheid » dans les territoires palestiniens occupés. Il a signé dans une tribune de The Gardian que le pays était « engagé dans des crimes de guerre systématiques, des crimes contre l’humanité et des actes génocidaires ». Cf : Chris McGreal, US Jews urged to condemn Israeli occupation amid Netanyahu censure, The Guardian, 15 août 2023, et Omer Bartov, As a former IDF soldier and historian of genocide, I was deeply disturbed by my recent visit to Israel, sur The Guardian, 13 août 2024.

(8)  Je paraphrase le livre : Antisionisme, une histoire juive, Textes choisis par Béatrice Orès, Michèle Sibony et Sonia Fayman, Ed. Syllepse, Paris, 2023, 368 pages.

(9)  Edwy Plenel, Le jardin et la jungle. Adresse à l’Europe sur l’idée qu’elle se fait du monde. Ed. La Découverte, 2024.

(10)  Sylvain Cypel, L’État d’Israël contre les Juifs. Édition La découverte.

Les opinions exprimées dans la thèse sont celles de l’auteur

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