La juge ougandaise, Julia Sebutinde, adhère fanatiquement à l’agenda israélien alors qu’elle dirige la Cour internationale de Justice lors de son jugement sur les accusations de génocide portées contre ce pays.
Traduit de l’anglais par PAJU
Alors que de nouveaux pays se joignent à l’affaire de l’Afrique du Sud accusant Israël d’avoir commis un génocide dans la bande de Gaza, et qu’un cessez-le-feu pourrait permettre aux enquêteurs sur les crimes de guerre de rassembler de nouvelles preuves des atrocités israéliennes, un remaniement de la direction de la Cour internationale de justice (CIJ) menace de saper la campagne en faveur de la responsabilité juridique.
Le président de la CIJ, Nawaf Salam, a démissionné le 14 janvier pour devenir Premier ministre du Liban, et a été remplacé par la juge ougandaise Julia Sebutinde.
De nombreux observateurs ont été stupéfaits lorsque Sebutinde a voté « non » à toutes les résolutions présentées par l’Afrique du Sud en janvier 2024, se plaçant ainsi en opposition avec tous les juges de la CIJ, y compris son collègue israélien, Aharon Barak.
Le juge ougandais a rejeté l’appel de la Cour demandant à l’armée israélienne de cesser ses attaques délibérées contre les civils, de mettre fin à sa politique de déplacement forcé et d’annuler son projet d’invasion de Rafah.
Dans une précédente affaire consultative sur les conséquences juridiques de l’occupation des territoires palestiniens par Israël, Sebutinde a insisté sur le fait que les Palestiniens n’avaient pas été soumis à une quelconque occupation militaire. En fait, elle a conclu qu’Israël pouvait avoir le droit de maintenir une présence permanente en Cisjordanie et dans l’ensemble de Jérusalem sur la base de revendications purement bibliques.
L’opinion de Sebutinde s’est ouverte sur un long historique du conflit israélo-palestinien qui mélangeait la propagande sioniste bien connue et l’Ancien Testament. En rejetant la décision de ses collègues déclarant illégale l’occupation militaire israélienne de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, elle a eu recours à des récits de la présence juive sur la terre biblique d’Israël, omettant toute mention des résolutions de l’ONU ou du droit international.
« Il existe des preuves substantielles que les Juifs ont vécu dans la région de l’ancien Israël entre 1000 et 586 avant J.-C. Cette période correspond à l’ère de la monarchie unie sous les rois Saül, David et Salomon, et aux royaumes divisés d’Israël et de Juda qui ont suivi. Les preuves comprennent des découvertes archéologiques dans la Cité de David… », a insisté Sebutinde.
« La Bible hébraïque (Ancien Testament) offre des récits détaillés de l’histoire, de la culture et de la gouvernance des Israélites pendant cette période. Bien que ces textes soient de nature religieuse, de nombreux érudits les considèrent comme des documents historiques précieux. »
Son opinion était si extrême et si chargée de commentaires théologiques qu’elle a incité l’ambassadrice de l’Ouganda auprès des Nations Unies, Adonia Ayebare, à déclarer que sa « décision à la Cour internationale de justice ne représente pas la position du gouvernement ougandais sur la situation en Palestine. » Après avoir enquêté plus en profondeur sur l’étrange dissidence de Sebutinde, un étudiant diplômé de l’Université de Princeton nommé Zachary Foster a découvert que de larges sections de celle-ci avaient été plagiées à partir de sources telles que l’agent néoconservateur Douglas Feith et la Jewish Virtual Library(Bibliothèque virtuelle juive).
Alors, qu’est-ce qui explique le défi de Sebutinde face à l’ensemble du panel de la CIJ et au corps diplomatique de son propre pays ? Avait-elle été manipulée par des forces extérieures malveillantes ? Ou était-elle motivée par des passions personnelles profondément ancrées ?
L’histoire d’Israël en matière de corruption, de menaces et de chantage envers les responsables du monde entier – et de destruction de ceux et celles qui s’y opposent avec force – est bien documentée.
Karim Khan, le procureur en chef de la Cour pénale internationale, est tombé sous la surveillance étroite du Mossad après avoir présenté des mandats d’arrêt contre le Premier ministre Benjamin Netanyahou et son ministre de la Défense de l’époque, Yoav Gallant. En octobre 2024, lorsqu’une accusatrice anonyme a porté des allégations de harcèlement sexuel contre Khan, il ne faisait aucun doute qu’une main israélienne avait peaufiné le scandale.
L’adhésion fanatique de Sebutinde au programme d’Israël ne semble cependant pas être le produit d’une manipulation ou d’une séduction. Les opinions exprimées dans sa dissidence sur le cas sud-africain étaient bien plus probablement le reflet du système de croyances sionistes chrétiennes qu’elle a développé en tant que membre de Watoto, une méga-église pentecôtiste de Kampala, la capitale ougandaise. C’est là que Sebutinde dit avoir développé sa vision du monde sous la tutelle d’un pasteur canadien et aficionado de la fin des temps nommé Gary Skinner.
« Les valeurs divines d’intégrité, d’honnêteté, de justice, de miséricorde, d’empathie et de travail acharné que les Skinner et l’église Watoto m’ont inculquées et nourries au fil des ans expliquent qui je suis aujourd’hui et ont énormément contribué à mon incroyable carrière de juge en Ouganda et de juge à la Cour internationale de justice », a proclamé Sebutinde lors d’une cérémonie en juin 2024 pour le lancement d’une nouvelle branche de l’église au centre-ville de Kampala.
« Scénario de la fin des temps »
Depuis qu’il a fondé Watoto en 1984, Skinner a inculqué une souche virulemment anti-arabe du sionisme chrétien dans sa congrégation de 36 000 personnes à Kampala. Dans un sermon de 2021 intitulé « Israël : le plus grand signe », Skinner a rassemblé un assortiment de versets bibliques soigneusement sélectionnés avec des éléments historiques concis pour justifier le contrôle militaire d’Israël sur la Palestine historique. Il a ponctué sa jérémiade d’un avertissement à ses paroissiens et aux gentils du monde entier : « Si vous bénissez les Juifs, vous serez bénis. Si vous maudissez les Juifs, vous serez maudits. » Comme tous les sionistes chrétiens, Skinner voyait la fondation d’Israël comme l’accomplissement d’une prophétie : « Le 14 mai 1948, proclamait le prédicateur à la voix métallique,
« et ce jour-là, le petit David Ben Gourion, d’un mètre vingt ou un mètre cinquante, aux cheveux de lion, se leva et déclara : « La nation juive renaît », pour s’appeler Israël. Pendant 2400 ans, aucun drapeau juif n’avait flotté sur Israël jusqu’à ce jour… mais Dieu a accompli sa prophétie en leur ramenant le plus grand signe du retour imminent de Jésus. »
Quelques minutes plus tard, Skinner a souligné que l’existence d’Israël en tant qu’État juif autoproclamé « est le signe le plus spectaculaire que Jésus est sur le point de revenir. Ce qui va se passer devant nous, Israël en est le baromètre », a poursuivi le prédicateur. « Ce qui arrive à Israël est un signe du scénario de la Fin des Temps. La renaissance nationale d’Israël est le plus grand signe de la Fin des Temps que nous ayons. »
Dans son sermon, Skinner s’est également vanté des dons de Watoto à un éventail d’organisations caritatives évangéliques en Israël par le biais de l’initiative FIRM Israel de l’église, y compris certaines qui encouragent la conversion religieuse. « En tant qu’église, nous donnons beaucoup d’argent chaque année pour soutenir l’œuvre de Dieu en Israël », a-t-il déclaré, rayonnant de fierté, « parce que nous savons que Dieu a un plan pour la nation, et c’est le plus grand signe de Son retour. »
La vision eschatologique de Skinner sur l’histoire a clairement influencé la dissidence de Sebutinde contre la décision de la CIJ sur l’affaire du génocide de l’Afrique du Sud contre Israël. Bien que le ministère ougandais des Affaires étrangères ait condamné son opinion radicale, de puissantes personnalités évangéliques du pays, étroitement liées à la présidence, l’ont saluée comme une héroïne.
« Tous les héros ne portent pas de cape », a déclaré Patience Rwabwogo, une prédicatrice pentecôtiste influente à Kampala. « Julia Sebutinde a pris une position historique devant la CIJ. Que Dieu se souvienne toujours d’elle pour sa miséricorde et que l’Ouganda, en tant que nation, soit toujours du côté du Seigneur. »
Rwabwogo est la fille de Yoweri Museveni, le président évangélique flamboyant de l’Ouganda, dont l’épouse Janet – une proche alliée de l’Église de Watoto – est connue pour ses interprétations bibliques de l’histoire.
Frank Kisakye, un spécialiste de la constitution ougandaise, a fait valoir que l’approbation de la dissidence de Sebutinde par la fille de Museveni démontre que l’opinion du juge était « presque certainement informée par les termes de Genèse 12:1-3 », le verset interprété par les sionistes chrétiens comme signifiant que quiconque bénit les Juifs sera béni, et a donc été « approuvé de tout cœur par le mouvement pentecôtiste ougandais ».
Maintenant à la tête de la CIJ, Sebutinde obtient le pouvoir de sortir un vote dans l’impasse et pourrait être en mesure de saper l’affaire sud-africaine d’une manière plus substantielle qu’auparavant. Alors qu’Israël est susceptible de briser le cessez-le-feu de Gaza, le temps presse pour les enquêteurs sur les crimes de guerre. Mais le juge ougandais semble fonctionner selon un calendrier exempt de préoccupations terrestres, dicté plutôt par la Fin des Temps.
Rédacteur en chef de The Grayzone, Max Blumenthal est un journaliste primé et l’auteur de plusieurs livres, dont les best-sellers Republican Gomorrah, Goliath, The Fifty One Day War et The Management of Savagery. Il a produit des articles pour de nombreuses publications, de nombreux reportages vidéo et plusieurs documentaires, dont Killing Gaza. Blumenthal a fondé The Grayzone en 2015 pour mettre en lumière l’état de guerre perpétuelle aux États-Unis et ses dangereuses répercussions sur le plan national.
Cet article est tiré de The Grayzone
Les opinions exprimées sont uniquement celles de l’auteur et peuvent ou non refléter celles de Consortium News.
Pour visionner la vidéo d’accompagnement sur Skinner, cliquez sur le lien Consortium News ci-dessous :
Max Blumenthal: The Christian Zionist Leading the ICJ – Consortium News
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