Villas avec piscine, chambres d’hôtel, appartements… Selon un décompte réalisé par « The Guardian », plus de 700 offres de location se situent sur des terres saisies aux Palestiniens. Un essor touristique que déplore une ONG israélienne contactée par franceinfo.
« Villa incroyable, lumineuse et aérée dans un quartier calme à la frontière du désert de Judée. Chaque fenêtre reflète une vue incroyable », décrit un hôte sur Airbnb. Cette maison et ses 12 couchages (à 390 euros la nuit) se situe à Tekoa, une colonie israélienne au sud de Béthléem, en Cisjordanie occupée. L’annonce ne précise pas que ces constructions sont illégales au yeux du droit international.
Selon une vaste analyse menée par The Guardian (Nouvelle fenêtre), les sites Arbnb et Booking comptabilisent conjointement 760 offres de location sur des terres saisies à des Palestiniens. Tandis qu’à Gaza l’accord de trêve entre Israël et le Hamas vacille, en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, des hôteliers et particuliers proposent des chambres, appartements ou maisons parfois luxueuses pour une capacité d’accueil global de 2 000 personnes, recense le quotidien britannique.
Le tourisme pour légitimer la colonisation
La location de biens touristiques dans les colonies israéliennes n’est pas un phénomène nouveau mais il prend de plus en plus d’ampleur, indique à franceinfo Yonadan Mizrachi, co-directeur de l’ONG israélienne Peace Now, spécialisée dans le suivi de la colonisation. « Les colons font beaucoup de choses pour favoriser le tourisme, c’est une façon de légitimer le projet [de la colonie] en général ». Une activité touristique soutenue politiquement et financièrement par les autorités israéliennes. Mettant en avant la préservation de sites archéologiques, elles préemptent des terres appartenant à des Palestiniens, comme le rapporte l’ONG .
« C’est pour cela que Tekoa est intéressante, poursuit Yonadan Mizrachi, parce qu’elle se situe près du site d’Hérodion [ancienne forteresse palestinienne] pour lequel Israël a investi des dizaines de millions de shekels, juste avant la guerre à Gaza, pour attirer plus de touristes. Et ils ont plein de lieux comme ça ». Fondée à la fin des années 70, Tekoa s’est étendue au fil des décennies : il existe aujourd’hui une dizaine de colonies et avant-postes. Les Palestiniens n’ont pas le droit d’y entrer sans permis, sauf exception. Selon The Guardian, Airbnb propose actuellement 17 logements à Tekoa.
Airbnb affirme ne tirer aucun bénéfice
En 2018, Airbnb s’était retrouvée au centre d’une polémique (Nouvelle fenêtre) à propos de ses locations en Cisjordanie occupée. L’entreprise avait décidé de déréférencer les offres situées dans des colonies illégales, soulignant qu’elles étaient « au cœur de la querelle entre Israéliens et Palestiniens ». Elle avait finalement fait volte-face l’année suivante en republiant pèrs de 200 offres de location saisonnière en Cisjordanie occupée. Airbnb avait ainsi mis un terme à des poursuites engagées par plusieurs propriétaires qui s’estimaient discriminés, devant des tribunaux israéliens et américains.
s’était retrouvée au centre d’une polémique (Nouvelle fenêtre)
Plusieurs ONG estiment cependant qu’en faisant la promotion de ces locations, l’entreprise normalise et favorise l’expansion des colonies illégales. Elle figure sur la liste des entreprises complices de la violation des droits des Palestiniens(Nouvelle fenêtre) établie par le mouvement international Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS). Tout comme les agences Booking et Expedia.
Proche-Orient : le business d’Airbnb et Booking dans les colonies israéliennes illégales
Voir video d’Al-Haq: https://www.alhaq.org/FAI-Unit/25389.html