28 Août, 2024

Armer l’antisémitisme pour blanchir le génocide : le lobby israélien du Canada calomnie Fred Hahn

PALESTINIENS ET JUIFS UNIS (PAJU)

Montréal, le 28 août 2024

Une fois de plus, les organisations pro-Netanyahou qui composent le lobby israélien au Canada ont ciblé une personnalité publique avec l’accusation fallacieuse d’antisémitisme.

Plusieurs organisations sionistes ont diabolisé Fred Hahn, le président du CUPE Ontario  (SCFP) en le qualifiant d’antisémite parce qu’il a publié une caricature critiquant Israël, ce qui a incité le Conseil exécutif national du SCFP à demander à Hahn, récemment réélu, de démissionner de son poste de vice-président général du SCFP (Syndicat canadien de la fonction publique).

Un communiqué de presse récente de Voix Juives Indépendantes Canada le résume bien :

Le crime présumé de Hahn ? Pendant les récents Jeux olympiques de Paris, M. Hahn a rediffusé une vidéo satirique montrant un plongeur israélien (représentant clairement l’État d’Israël) se transformant, en plein plongeon, en une bombe détruisant une scène de rue et tuant des enfants dans la bande de Gaza. Plutôt que de considérer ce message comme étant une critique à l’égard de la politique génocidaire d’Israël -de ce qu’il s’agit véritablement- des groupes comme le CIJA, B’nai Brith Canada et les Amis du Centre Simon Wiesenthal insistent de manière opportuniste sur le fait qu’il est dirigé contre les Juif.ve.s. Suivant un schéma bien établi, ces organisations font monter l’accusation d’antisémitisme au mât pour voir qui la salue.

Cette décision fait suite, sans surprise, à la révocation du statut d’organisme de bienfaisance du Fonds national juif du Canada et de la Fondation Ne’eman du Canada. Les images choquantes de l’attaque génocidaire d’Israël à Gaza ont permis d’identifier ce pays comme un État voyou aux yeux du monde. Les attaques croissantes des organisations pro-israéliennes au Canada contre tous ceux et celles qui critiquent Israël sont proportionnelles à cette réalité. Les cris d’« antisémitisme » visent à détourner les dénonciations des crimes de guerre israéliens en les qualifiant d’antisémites.

Ces organisations pro-israéliennes ont une longue tradition de ciblage et de diabolisation de tous les individus et organisations qui osent critiquer l’apartheid israélien et les crimes de guerre perpétrés contre les civils palestiniens à Gaza, en Cisjordanie palestinienne occupée et aux Palestiniens de Jérusalem-Est occupée. Ce n’est pas la première fois que ces organisations sionistes ciblent le SCFP.

En mai 2006, la section ontarienne du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a voté à l’unanimité en faveur d’une résolution visant à appuyer la campagne internationale de boycott, de désinvestissement et de sanctions contre Israël jusqu’à ce qu’Israël reconnaisse le droit des Palestiniens à l’autodétermination.

En 2009, le président du SCFP-Ontario, Sid Ryan, a défendu une nouvelle résolution qui, selon lui, « élargit et approfondit » la résolution de 2006 sur Israël afin de soutenir une campagne de boycotts économiques, de désinvestissement et de sanctions contre Israël pour son occupation de Gaza. Ryan a comparé les boycotts du SCFP à ceux de Gandhi, affirmant que « cela s’inscrit dans une longue tradition et une tradition pacifique d’utilisation des pressions d’un boycott de manière pacifique pour faire pression sur l’État d’Israël afin qu’il mette fin à cette occupation illégale. »

Plus récemment, des groupes sionistes ont tenté de destituer la Rapporteuse spéciale des Nations Unies, Francesca Albanese, qui a osé dénoncer les conditions de vie horribles auxquelles les Palestiniens et Palestiniennes sont soumis par le génocide israélien en cours. Elle a également souligné le fait «incommode » qu’Israël, en tant qu’occupant militaire illégal et hostile des territoires palestiniens, n’a aucun « droit à l’autodéfense » dans les territoires qu’il occupe, y compris Gaza. Elle a également souligné à juste titre qu’une population sous occupation militaire hostile a le droit de se défendre contre cette occupation militaire par tous les moyens possibles (à l’exclusion de toute atteinte aux populations civiles).

Récemment aussi, des organisations sionistes ont réussi à forcer Birju Dattani à démissionner de son poste de président de la Commission canadienne des droits de la personne avant même qu’il ne puisse prendre ses fonctions! Dattani – le premier citoyen canadien musulman et racialisé à être nommé à ce poste – a fait un soutien «injurieux» et « antisémite » au mouvement BDS en tant que réponse non violente au conflit israélo-palestinien. Dans une interview accordée au National Post, Dattani a déclaré : « J’ai participé à de nombreux panels en tant qu’étudiant diplômé avec des personnes ayant des opinions diverses. Cela ne signifie pas que je partage ou que j’approuve les opinions des autres panélistes. » Dire que ces organisations sionistes ont « exagéré la vérité » dans le cas de Birju Dattani est un euphémisme. Elles sont plutôt expertes dans l’exagération de la vérité.

Prenons le dernier exemple de la chasse aux sorcières à la McCarthy qu’ils mènent contre toute forme de soutien aux droits des Palestiniens : l’attaque contre les organisateurs du festival Gay Pride d’Ottawa, qui ont commis l’erreur « terrible » de qualifier publiquement et à juste titre la guerre en cours entre Israël et le Hamas de violation des droits de la personne contre les Palestiniens. Onze jours avant le début du festival Gay Pride de cette année, le 17 août, les organisateurs de la Capital Pride ont publié une déclaration de « solidarité avec la Palestine » concernant « l’escalade de la violence en Israël et en Palestine ». Ils ont bien sûr été dénoncés. Rien de surprenant:« L’antisémitisme pour toutes les sauces!».

Le boycott a été appuyé par un hôpital pour enfants d’Ottawa, l’Université d’Ottawa (la même université dont la faculté de médecine a suspendu le Dr Yipeng Ge pour des publications pro-palestiniennes qu’il avait publiées sur les réseaux sociaux. Le Dr Yipeng Ge a depuis démissionné même si l’Université d’Ottawa a accepté de le réintégrer), certains fonctionnaires et le maire d’Ottawa, Mark Sutcliffe. Joseph P. McCarthy est vivant et en bonne santé au Canada! (Êtes-vous, ou avez-vous déjà été, critique envers Israël?)

Il est à noter qu’aucune des organisations sionistes pro-israéliennes citées ci-dessus – CIJA (Centre consultatif des relations juives et israéliennes), le B’nai Brith ou les Amis de Simon Weisenthal – n’ont émis la moindre allusion au génocide « plus que plausible » qui est perpétré contre la population civile palestinienne à Gaza (en utilisant le mantra du « Hamas » comme excuse pour bombarder Gaza jusqu’à l’âge de pierre) et aux pogroms entrepris par les colons juifs fanatiques et les forces d’occupation israéliennes en Cisjordanie palestinienne occupée, que Ronan Bar, le chef du service de sécurité israélien Shin Bet, a qualifié de « terrorisme juif ». Le parti d’extrême droite israélien dirigé par le fanatique Ben-Gvir a publié une annonce dans les journaux israéliens s’opposant à un accord de prise d’otages avec le Hamas et critiquant le chef du service de sécurité Shin Bet, Ronen Bar.

Ces mêmes piliers du lobby israélien au Canada (et au Québec) n’ont pas non plus dénoncé le soutien vocal du maire (du petit royaume) de Hampstead, Jeremy Levi, au génocide contre les Palestiniens de Gaza, en particulier les enfants palestiniens qui s’y trouvent. Pas plus qu’ils n’ont dénoncé le soutien inconditionnel du « fier sioniste » Anthony Housefather à la campagne meurtrière d’Israël à Gaza. Pas plus qu’ils n’ont critiqué les cinq députés canadiens qui se sont rendus en Israël en novembre 2023 pour exprimer leur soutien inconditionnel à l’effort de guerre d’Israël.

Donnons un bref aperçu des effets du génocide israélien à Gaza :

On compte aujourd’hui plus de 40 000 morts palestiniens et plus de 90 000 blessés. La majorité des victimes sont des femmes et des enfants. (Des milliers de Palestiniens disparus sont ensevelis sous les décombres du bombardement israélien qui dure sans interruption depuis octobre 2023, de sorte que le nombre exact de morts est encore inconnu). Environ 80 % des infrastructures ont été détruites : hôpitaux, cliniques médicales, centres culturels, écoles, mosquées, églises, immeubles résidentiels. Il ne reste pratiquement plus d’arbres debout. Les Palestiniens succombent à la famine imposée par Israël, calculée et imposée par une coalition d’extrême droite dépravée à Tel-Aviv. (Un article d’opinion du journal israélien Haaretz déclarait que « Netanyahou et sa coalition cauchemardesque sont les « nouveaux antisémites ».) Un éditorial de Haaretz du 26 août 2024 intitulé « L’organisation du djihad juif d’Israël » déclare que les « terroristes juifs sont l’aile militaire de l’organisation à laquelle appartient Ben-Gvir et dont il représente les intérêts en tant que ministre du cabinet ».

Plus d’un million de Palestiniens ont été et continuent d’être déplacés par l’armée d’occupation génocidaire d’Israël, selon un plan destiné à les terroriser et à les déshumaniser, déplacés d’un centre à un autre et assassinés dans des zones censées renforcer leur sécurité. Et pourtant, ni le lobby israélien ni ses serviteurs politiques à tous les niveaux du gouvernement : fédéral, provincial et municipal, n’ont émis le moindre mot.

Depuis octobre, plus de 500 Palestiniens de Cisjordanie occupée ont été tués par des colons juifs aidés par les forces d’occupation israéliennes. Quelque 9 000 Palestiniens ont été faits prisonniers en Cisjordanie et le viol systématique de prisonniers palestiniens dans les centres de détention israéliens tels que Tse Deiman a été confirmé. De plus, les autorités israéliennes défendent le viol de Palestiniens par des soldats israéliens comme étant « légitime ». 150 000 Israéliens sont descendus dans les rues de Tel-Aviv pour exiger la démission de Netanyahou.

 Pourtant, les organisations pro-israéliennes mentionnées ci-dessus – ces « Netanyahou-Lovers », comme il convient de les qualifier à juste titre – n’ont absolument rien à dire qui soit de quelque façon critique à l’égard du régime d’apartheid génocidaire d’Israël à Tel-Aviv ! Le seul « truc » qui leur reste dans le livre est de confondre l’antisionisme avec l’antisémitisme et de calomnier tous ceux et celles qui osent dénoncer leur hypocrisie et les crimes de guerre israéliens en les qualifiant d’« antisémites ». Les Juifs qui osent s’opposer à leur forme de chantage sont des « Juifs qui se détestent eux-mêmes ».

Comme l’attaque contre Sid Ryan il y a quelques années, et les attaques diffamatoires contre une foule d’autres organisations et individus au fil des ans, l’attaque contre Fred Hahn fait suite à un plan calculé visant à utiliser l’antisémitisme comme une arme pour détourner les critiques légitimes de la campagne génocidaire d’Israël contre des civils palestiniens innocents et sans défense à Gaza. Elle fait suite à des années d’une politique d’intimidation appuyée par de larges pans de la classe politique au Canada et par les grands médias. C’est à la honte et au déshonneur du Conseil exécutif national du SCFP qu’il demande la démission de Fred Hahn. Ils permettent aux organisations sionistes qui blanchissent tacitement, sinon explicitement, les crimes de guerre israéliens de les intimider.

C’est l’occupation illégale continue des territoires palestiniens, le système brutal et déshumanisant de l’apartheid et les terribles conditions de vie dans lesquelles vit la population palestinienne qui sont à l’origine de la spirale de violence qui se déroule actuellement sous la forme du génocide israélien à Gaza. L’extrémisme du gouvernement de coalition israélien actuel ne doit pas être considéré comme un phénomène nouveau, mais plutôt comme la conséquence logique du fascisme et du racisme inhérents au révisionnisme sioniste, tels qu’ils avaient été initialement envisagés par le fasciste d’extrême droite Vladimir « Zeev » Jabotinsky, dont la vision a été reprise par une succession de gouvernements de coalition israéliens, de Menahem Begin à Benjamin Netanyahou et ses fanatiques Ben-Gvir et Smotrich.

Ces organisations sionistes pro-israéliennes et leurs alliés politiques sont des alliés tacites (sinon explicites) de Netanyahou, Ben-Gvir et Smotrich. Ils sont donc complices du génocide qui se déroule en Palestine.

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Contact: info@paju.org

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