Dans «La Caisse finance-t-elle un génocide à Gaza?», Philippe Mercure, chroniqueur de La Presse, conclut que le récent rapport de l’ONU (intitulé «De l’économie de l’occupation à l’économie du génocide») « soulève des questions importantes » relativement aux investissements de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Monsieur Mercure rajoute que « ces questions sont complexes. » Le rapport onusien soulève en effet des questions importantes, mais monsieur Mercure fait erreur en affirmant que ces questions sont complexes.
« Ce qui se déroule actuellement à Gaza, écrit monsieur Mercure, est profondément inhumain et la Caisse à la responsabilité de s’assurer que l’argent des Québécois n’y contribue pas et il est impératif d’éviter les raccourcis. » Ces mots de monsieur Mercure sont parfaitement justes, mais il prend lui-même un fâcheux raccourci en ne nommant pas ce qui se passe à Gaza. Ce qui se déroule à Gaza, c’est très exactement un génocide. Ce génocide est commandé par le gouvernement israélien et commis par l’armée israélienne, et les Forces israéliennes sont armées principalement par les États-Unis.
En effet, selon la Cour internationale de justice, il s’agit plausiblement d’un génocide, et selon Amnistie Internationale et de nombreux experts en Genocide studies, dont des experts israéliens, il s’agit bel et bien d’un génocide.
En ne nommant pas le génocide, « ce qui se déroule actuellement à Gaza » est certes « profondément inhumain », mais monsieur Mercure ne peut le catégoriser ce qui s’y passe comme «crime contre l’humanité. »
En ne nommant pas le génocide en cours, monsieur Mercure peut raisonnablement prescrire des remèdes à long terme: « réflexion », « balises », baliser, étudier… Toutefois, avec le diagnostic approprié de génocide, le droit international prescrit des mesures immédiates, explicitées dans la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. Dans son expression la plus simple, la Convention dit, crie: « Plus jamais ça! »
Bref, le remède, c’est l’action, pas la réflexion! Au lieu de « déterminer des balises pour évaluer quels placements sont éthiques », la Caisse doit reconsidérer chacun des ses investissements ciblés par le rapport de l’ONU en les soumettant au Test «Plus jamais ça». Si les investissements de la Caisse contreviennent à la Convention contre le génocide, ils ne passent pas le Test et doivent être réinvestis de manière responsable et durable.
Le rapport de l’ONU soulève des questions juridiques importantes, mais la transition hors de l’économie du génocide n’est pas complexe. Monsieur Mercure mesure sans doute l’ampleur de la tâche, mais la Caisse n’a pas à faire le grand ménage. Elle n’a qu’à faire le ménage dans ses investissements tels que détaillés par le rapport de l’ONU. Simplement!
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