La révocation du statut d’organisme de bienfaisance du Fonds national juif au Canada porte un coup dur au groupe en réduisant son financement et en mettant en lumière ses activités en Cisjordanie.
Traduit de l’anglais par PAJU
L’Agence du revenu du Canada (ARC) a informé le Fonds national juif (JNF) qu’elle allait révoquer le statut d’organisme de bienfaisance du groupe en raison de son soutien à l’armée israélienne.
Un audit financier cité par l’ARC a révélé que les projets du JNF violaient les règles fiscales canadiennes, car l’organisation avait utilisé des dons pour construire des infrastructures pour une armée étrangère en violation du Code fiscal canadien.
Le JNF, également connu sous le nom de Keren Kayemeth LeIsrael et fondé en 1901, est également fortement impliqué dans les accaparements de terres dans les territoires palestiniens occupés, souvent par le biais d’opérations secrètes pour éviter les réactions politiques et les frictions entre donateurs.
Ces activités ont notamment consisté à utiliser des filiales comme Himnuta pour masquer la véritable nature des transactions, ce que certains militants et groupes de défense des droits ont qualifié de tentative de « greenwashing » visant à déposséder les Palestiniens de leurs terres.
Selon un rapport du Jewish Journal de 2013, l’organisation possède 13 % des territoires palestiniens occupés et interdit explicitement la vente ou la location de terres à des non-juifs.
Ces colonies sont considérées comme illégales par le droit international et comme un obstacle majeur à la paix et à la solution à deux États.
Les acquisitions ont également été liées à une augmentation de la violence des colons et au déplacement forcé de familles palestiniennes, exacerbant les tensions et contribuant aux efforts systématiques visant à consolider l’occupation israélienne des terres palestiniennes.
Le Parti vert du Canada a déjà appelé à la révocation du statut d’organisme de bienfaisance du groupe, déclarant dans une pétition : « Sous couvert d’environnementalisme, le FNJ a reboisé les ruines de villages palestiniens dans une tentative de verdir la dépossession des non-juifs. »
Le parti a ajouté : « Cela inclut le « Parc Canada », qui a été construit sur les trois villages palestiniens détruits dont plus de 9 000 habitants ont été expulsés de leurs maisons. »
Jusqu’à 25 pour cent du budget du Fonds national juif a été financé par les contribuables canadiens grâce à des crédits d’impôts accordés pour les dons.
Sans la possibilité d’offrir des crédits d’impôts, le JNF pourrait voir une baisse significative des dons du Canada, ce qui aurait un impact sur ses ressources financières.
La révocation du statut d’organisme de bienfaisance du JNF au Canada porte un coup dur à l’organisation, réduisant son financement et soulignant les inquiétudes de la communauté internationale concernant ses activités en Cisjordanie.
Saisie de terres palestiniennes
Le Fonds national juif a été créé en tant que bras financier de l’Organisation sioniste fondée quatre ans avant elle, dans le but de coloniser davantage de terres palestiniennes pour les Juifs.
Peu de temps après sa création, le JNF a créé sa propre filiale, la Palestine Land Development Company, qui a chassé les agriculteurs et les paysans palestiniens de leurs terres en acquérant des terres auprès des autorités ottomanes et des propriétaires absents basés à Beyrouth, Damas et Le Caire.
D’après un article du magazine +972, Yosef Weitz, directeur du département des terres du JNF de 1932 à 1972, était « un éminent défenseur du nettoyage ethnique », d’après des entrées dans son journal qui disaient qu’il n’y avait « aucun moyen, à part transférer les Arabes d’ici vers les pays voisins, de les transférer tous… pas un seul village ne doit être laissé ».
Un rapport de 2013 de la Société israélienne pour la protection de la nature a également critiqué les efforts de reboisement du JNF, affirmant qu’ils détruisaient les biomes locaux et dévastaient leur biodiversité unique.
Le rapport ajoute que les communautés bédouines du Néguev ont été déplacées à plusieurs reprises pour faire place aux forêts du JNF.
La décision de révoquer le statut d’organisme de bienfaisance du JNF intervient quelques mois après qu’Ottawa a annoncé son intention d’interdire les exportations d’armes vers Israël, dans un contexte de pressions croissantes et de guerre en cours contre Gaza.
Décision saluée par les militants
La décision a été saluée par les Palestiniens et les groupes de défense des Droits de l’Homme en ligne, qui ont qualifié la révocation du statut d’organisme de bienfaisance de mesure « importante ».
« C’est une excellente nouvelle et j’espère que tout appel sera rejeté par les tribunaux », a déclaré un utilisateur des médias sociaux sur X.
« Il est exaspérant que le Canada ait mis autant de temps à révoquer le statut d’organisme de bienfaisance du JNF, malgré le fait que notre travail et l’ONU aient jugé ce statut discriminatoire il y a des décennies. Il a fallu que le JNF finance l’armée israélienne pour que l’ARC agisse enfin, mais c’est une victoire majeure contre le colonialisme vert israélien », a écrit un autre utilisateur.
Le président national de JNF Canada, Nathan Disenhouse, et le PDG Lance Davis ont annoncé jeudi dans un communiqué qu’ils avaient lancé une action en justice contre l’ARC auprès de la Cour d’appel fédérale.
Why is it a big deal that Canada revokes JNF’s charity status? (newarab.com)
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