27 Sep, 2019

« Que cesse l’occupation » No. 972

PAJU

Un projet d’énergie propre pour enraciner une sale occupation

Une compagnie israélienne d’énergie renouvelable intente un procès à un groupe de défense des droits humains à cause de son enquête sur les projets de construction de l’entreprise sur les Hauteurs de Golan occupées, soutenus par le gouvernement israélien.

Al-Marsad, le groupe auquel Energix intente un procès, a découvert que le projet de parc éolien de la compagnie, basée à Tel-Aviv, viole le droit de la population autochtone syrienne à l’auto-détermination. Le projet sert aussi à renforcer le contrôle d’Israël sur le territoire.

Le groupe dit que l’action d’Energix contre lui « instaure une précédent extrêmement dangereux ». Avec 15 autres organisations, le groupe demande de manière pressante aux experts des Nations Unies « d’intervenir immédiatement pour protéger les droits humains sur le Golan syrien occupé ».

L’action en justice d’Energix est la première intentée par une compagnie israélienne s’appuyant sur la loi anti-boycott d’Israël pour supprimer l’activité d’un groupe en faveur des droits humains.

Cette loi, promulguée en 2011, impose des sanctions aux groupes promouvant des boycotts d’Israël ou de ses colonies en Cisjordanie et dans le Golan occupés.

Energix allègue également qu’Al-Marsad s’est engagé dans de la “diffamation” en décrivant comment son projet énergétique viole le droit international dans un rapport publié en janvier.

Enraciner l’occupation

Les Hauteurs du Golan sont un territoire syrien pris par Israël lors de la guerre de 1967. Environ 340 villages et fermes syriens sur les Hauteurs du Golan furent détruits par Israël, qui a construit à la place des colonies juives.

Les colonies israéliennes sur les Hauteurs du Golan violent le droit international, qui interdit à la puissance occupante de transférer sa population civile dans le territoire qu’elle occupe.

Environ 26 000 colons israéliens jouissent du contrôle de 95% du Golan, un territoire représentant 1% du territoire total de la Syrie. Un nombre à peu près identique de Syriens ont le contrôle du reste du Golan.

Après la déclaration par Israël de son annexion des Hauteurs du Golan en 1981, le Conseil de sécurité des Nations unies annonça que la démarche était « nulle, vide et sans effet juridique international ».

Energix cherche à construire « un énorme projet énergétique qui occuperait presqu’un quart des terres agricoles » encore contrôlées par les Syriens dans le Golan, selon Al-Marsad.

Le projet restreindrait drastiquement l’expansion des communautés syriennes. Les colonies israéliennes proches ont rejeté des projets plus petits de parc éolien.

« En réalisant le projet sur des terres autochtones syriennes et en cherchant l’approbation et la validation via le schéma régulateur d’Israël, Energix soutient les violations des droits humains qui font partie de l’occupation illégale et discriminatoire du Golan par Israël », affirme Al-Marsad.

L’enquête du groupe « montre que tant la compagnie mettant en œuvre le projet que le gouvernement israélien ont menti aux Syriens du Golan, les ont manipulés et intentionnellement divisés sur le projet ».

Un cinquième de la population syrienne des Hauteurs du Golan a signé une pétition s’opposant au projet Energix.

Les turbines, qui émettent des ondes sonores basse fréquence et des scintillements, posent un risque sanitaire aux communautés syriennes à proximité, tout particulièrement aux personnes souffrant d’épilepsie.

Mais « plus inquiétant encore … est le risque que le projet d’Energix pose à la vie culturelle des Syriens dans le Golan », selon un article d’Al-Marsad et Al-Haq, un groupe palestinien de défense des droits humains.

« Les Syriens autochtones sont profondément attachés à leur terre ancestrale », ajoutent ces groupes. « Cet attachement est fort malgré les efforts répétés d’Israël pour déposséder les Syriens de petites parcelles. »

Des décennies d’occupation et de pratiques israéliennes discriminatoires ont « détruit la prospérité économique des Syriens autochtones, particulièrement dans le secteur agricole », selon le rapport d’Al-Marsad en janvier.

L’étouffement économique a rendu « la proposition de gagner de l’argent rapidement plus tentante » pour les Syriens du Golan que pour les colonies israéliennes proches qui ont refusé des projets similaires.

Le projet impliquera des constructions et l’élargissement des routes, l’aménagement des terres, pour y installer « 52 structures d’une hauteur équivalente à des immeubles de 64 étages », et une nouvelle ligne électrique souterraine s’étendant sur 30 kilomètres.

« Tout ceci défigurera de manière permanente le Golan et changera son existence entière », affirme Al-Marsad.

Exploitation

Israël a empêché les villages occupés du Golan de créer un système d’alimention en électricité indépendant, les forçant à être en permanence dépendant d’Israël pour leur énergie.

Un plan local pour développer un parc éolien a été paralysé par l’armée israélienne en 2014, « à peu près au moment même où Energix commençait à progresser agressivement » dans son projet, selon Al-Marsad.

Le projet d’Energix, pendant ce temps, a bénéficié de procédures accélérées par les organismes de régulation israéliens.

« Israël a fait une priorité du développement des industries basées sur les ressources naturelles » dans les territoires qu’il occupe, « parce que ces industries sont physiquement enchâssées dans les terres », affirme Al-Marsad.

Israël a accéléré la prospection gazière et pétrolière dans le Golan depuis le déclenchement de la guerre civile syrienne en 2011. Israël interdit aux Syriens d’utiliser ces mêmes ressources.

L’énergie produite par le parc éolien d’Energix sera vendu directement à la société Israeli Electric Corporation et apportera un revenu annuel estimé de 38 à 44 millions de dollars.

Energix « paiera seulement à peu près 1% de ses profits aux propriétaires syriens », selon l’enquête d’Al-Marsad.

« On rapporte que des projets similaires en Israël ou dans des colonies israéliennes ont proposé de payer jusqu’à cinq fois plus », ajoute le groupe.

Le projet d’Energix dans les villages syriens occupés exploite « l’instabilité économique et juridique qui résulte des politiques basées sur l’occupation, politiques qui sont discriminatoires selon les origines ethniques et nationales ».

Israël exportera bientôt de l’électricité en Europe grâce au projet EuroAsia Interconnector, qui doit être lancé dans la prochaine décennie. Le projet connectera directement l’Europe aux colonies israéliennes illégales construites sur des terres occupées, l’impliquant ainsi dans des crimes de guerre.

« Cette intégration d’une infrastructure énergétique enracine encore plus l’occupation d’Israël et la colonisation », selon l’article d’Al-Marsad et Al-Haq.

Source: TheElectronicIntifada
Traduction : CG pour l’Agence Média Palestine

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Distribué par PAJU (Palestiniens et juifs unis)

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