La stratégie de Netanyahu à Gaza en faillite
« Le Hamas doit savoir que nous n’hésiterons pas à nous installer et à prendre toutes les mesures nécessaires », a averti le premier ministre Benjamin Netanyahu le 26 mars dernier, en réponse à la fusée lancée depuis la bande de Gaza le 25 mars qui a détruit une maison à Mishmeret et blessé sept Israéliens. Dans une référence évidente aux élections du 9 avril, Netanyahou a ajouté: « Cela n’a aucun lien avec quoi que ce soit, à aucune date, mais seulement aux besoins de sécurité d’Israël ».
Vraiment, monsieur? Vous voulez nous faire croire qu’il n’y a pas de sondage d’opinion à votre bureau pour mesurer le soutien du public en faveur d’une opération militaire à Gaza? Ne pensez-vous pas que les photos de dizaines de funérailles de soldats et de centaines de milliers de civils se réfugiant dans des abris pourraient vous coûter votre confortable fauteuil en cuir dans le bureau du premier ministre et vous envoyer au banc des accusés devant un tribunal de district?
Netanyahu a promis qu’Israël exercerait « avec force » des représailles pour les roquettes lancées depuis Gaza en terre israélienne au cours des dernières semaines. Son rival au poste de premier ministre lors des élections du 9 avril, le lieutenant général Benny Gantz du parti bleu et blanc, avait appelé à une « réponse sévère » après le lancement le 14 mars de deux roquettes en direction de Tel Aviv.
Que proposent, alors, Netanyahu et Gantz qu’Israël n’ait déjà fait dans sa guerre contre le Hamas, ce qui inclut des bombardements aériens de quartiers résidentiels, un siège, un blocus naval, des incursions terrestres, des assassinats de dirigeants du Hamas, des infusions d’argent, des tirs meurtriers de tireurs d’élite sur des enfants, des journalistes, des ambulanciers.
Le conflit à la frontière de Gaza au cours de l’année écoulée a déjà donné lieu à une commission d’enquête des Nations Unies qui a recommandé le mois dernier au Bureau du Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, d’envoyer les documents qu’elle avait réunis à la Cour pénale internationale à La Haye. Les membres du panel ont également recommandé d’imposer des sanctions aux Israéliens qui ont tiré sur des manifestants qui ne participaient à aucune activité hostile envers Israël, notamment l’arrestation et l’extradition d’Israéliens soupçonnés de complicité à des crimes de guerre.
Un rapport de juillet 2017 de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement a averti que Gaza pourrait ne pas être propice à l’habitation humaine d’ici 2020, c’est-à-dire l’année prochaine. Selon des données publiées ce mois-ci par le Bureau central des statistiques de Palestine, le chômage dans l’enclave côtière aurait atteint 52% en 2018, soit une augmentation de 8% par rapport à 2017 et de 20% par rapport à 2007, lorsque Israël a imposé son siège après que le Hamas ait pris le contrôle de Gaza. Quand les bébés de Gaza meurent de faim et de médicaments, Israël ne pourra plus se décharger de sa faute en invoquant l’excuse bien connue « Mais nous nous sommes retirés de Gaza ».
En octobre 2014, un mois après la fin de la guerre de 50 jours avec Gaza, Amos Harel, analyste des affaires militaires dans Haaretz, a rapporté: « Nous devons également nous comporter de manière rationnelle. Nous devons permettre l’ouverture de la bande aux marchandises. En fin de compte, il y a 1,8 million de personnes… Ces personnes ont besoin de vivre. » Il citait le chef d’état-major de l’armée, Benny Gantz. On ne peut qu’espérer que le prochain gouvernement israélien prendra les recommandations de Gantz en délibéré.
Les dernières attaques de Gaza sur des centres habités au centre d’Israël et les sirènes d’alerte qui retentissent en permanence dans les communautés frontalières prouvent que la stratégie de blocus d’Israël est en faillite. Les récentes manifestations à Gaza reflètent la détresse économique des habitants, mais elles sont loin de pouvoir annoncer un soulèvement populaire contre les « voyous armés » du Hamas qui les dominent. La clé réside dans la salle de réunion du Cabinet de sécurité israélien.
La clé de l’espoir réside dans un accord diplomatique mettant fin à la politique de différenciation menée par Israël entre Gaza et la Cisjordanie. La perpétuation de l’occupation de la Cisjordanie et du maintien du siège de Gaza crée des foyers de désespoir et une recette pour une violence continue.
Tout espoir d’une « entente du siècle » avec le président Donald Trump pour sortir le processus de paix de l’impasse où il se trouvait pendant la décennie Netanyahu a été perdu lorsque Trump a signé le 25 mars une proclamation reconnaissant la souveraineté d’Israël sur le Golan.
Le secrétaire d’État Mike Pompeo n’a-t-il pas compris que la reconnaissance par les États-Unis de l’annexion unilatérale du Golan par Israël est en contradiction avec la clause la plus importante de l’accord de paix entre l’Égypte et Israël, dont le 40e anniversaire est tombé au lendemain de la proclamation de Trump? Ne sait-il pas que ce document historique indique à plusieurs reprises que la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations Unies, sur le retrait d’Israël des territoires occupés par lui en 1967, constitue la base convenue « pour la paix non seulement entre l’Égypte et Israël, mais également entre Israël et chacun de ses voisins arabes »? Cela inclut clairement les voisins syriens et palestiniens d’Israël.
Ainsi, à l’occasion du 40e anniversaire de l’accord de paix israélo-égyptien, les États-Unis ont décidé de se retirer de cet accord qui a créé un précédent. Le monde ne sauvera pas Israël de lui-même. Trump n’a pas manqué une seule occasion de renforcer le mouvement de peuplement israélien en Cisjordanie. On peut donc en déduire qu’à l’approche des élections de 2020, il ne fera rien qui puisse provoquer sa base politique. Qu’en est-il de la base de Netanyahu? Ils continueront invariablement à chanter « Seul Bibi » jusqu’aux abris antiaériens. Dans deux semaines, nous connaîtrons le vainqueur, qu’il s’agisse d’espoir ou de désespoir.
Distribué par PAJU (Palestiniens et juifs unis)