L’article ci-dessous écrit par Rchard Silverstein met en lumière la manière dont le gouvernement d’Israël finance illégalement des groupes et des individus pour miner, et promouvoir une législation, contre le mouvement BDS, non seulement aux États-Unis mais également dans d’autres pays. Cela pourrait-il être le cas dans le pays où vous vivez? Existe-t-il une législation sur l’accès à l’information dans votre pays? Si tel est le cas, nous vous exhortons instamment de l’utiliser afin de découvrir si les groupes pro-israéliens combattant le BDS dans votre pays sont également financés par Israël.
PAJU
L’ambassadeur d’Israël aux Nations Unies a donné aux groupes de pression israéliens 7 millions de dollars pour lutter contre le BDS, violant la loi fédérale
Par Richard Silverstein
Des rapports dans The Forward et le chien de garde des médias israéliens, 7th Eye, révèlent que le gouvernement israélien a offert des millions de dollars de financement à des groupes pro-israéliens aux États-Unis en violation de la loi américaine. Un certain nombre de groupes approchés par le ministère israélien des Affaires stratégiques ont refusé le financement, estimant qu’il les qualifierait d’agents de propagande au nom d’une nation étrangère. Mais de nombreux groupes n’avaient aucun scrupule et ont facilement pris l’argent en échange de la promotion des intérêts israéliens aux États-Unis.
Onze groupes américains pro-israéliens ont reçu près de 7 millions de dollars l’année dernière. Près de 4 millions de dollars supplémentaires sont allés à des groupes en Amérique latine, en Afrique, en Europe et ailleurs. Parmi les groupes américains figuraient Christians United for Israel (1,3 million de dollars), Israel Allies Foundation (118 000 dollars), Aish HaTorah (1,8 million de dollars), la Ligue d’amitié Amérique-Israël (33 000 dollars) et StandWithUs. Un groupe évangélique chrétien nommé par le Southern Poverty Law Center comme un groupe haineux, Proclaim Justice to the Nations, a reçu 40 000 dollars pour ses efforts visant à adopter une législation anti-BDS au Tennessee et ailleurs.
Aucun de ces groupes n’est enregistré en vertu de la loi sur l’enregistrement des agents étrangers (FARA), qui oblige les particuliers ou les groupes américains payés directement par un État étranger à faire du lobbying en son nom aux États-Unis, pour s’enregistrer. Aucun des groupes ne reconnaît sur ses sites Web avoir reçu un tel financement. Bien que le Forward ait été interrogé sur le financement, aucun des groupes n’a indiqué qu’il prévoyait s’inscrire en tant qu’agent étranger.
Dans certains cas, ils ont fait valoir que les fonds qu’ils recevaient étaient destinés à payer les voyages en Israël pour les leaders d’opinion américains: politiciens, journalistes, leaders étudiants, etc. Sous le FARA, si vous n’effectuez pas d’activités de lobbying aux États-Unis, vous êtes exemptés de vous y inscrire. Mais dans tous les cas, on s’attendait à ce que ceux qui se rendent en Israël, parfois même incités à le faire, rentrent chez eux et utilisent les séances d’information du gouvernement afin de promouvoir les intérêts israéliens aux États-Unis. Cela constitue un lobbying pour un État étranger soumis selon le FARA.
Dans un cas particulier, l’Israel Allies Foundation, qui a reçu une subvention représentant près de 10% des revenus annuels totaux du ministère, a amené en Israël un législateur du GOP de Caroline du Sud actif dans l’ALEC financée par Koch, et lui a présenté un juriste de la droite, Eugene Kontrovich. Ce dernier a rédigé une législation anti-BDS maintenant adoptée dans six États (dont la Caroline du Sud) et proposée dans plus de 25 autres États. Les projets de loi sont très controversés, les libertés civiles et les érudits constitutionnels affirmant qu’ils violent les droits du premier amendement à la liberté d’expression. Ni IAF ni Clemmons ne se sont enregistrés comme agents étrangers, comme ils le devaient en vertu de la loi.
Dans ce cas particulier, un État étranger intervient dans le débat politique intérieur et dirige le programme législatif pour promouvoir ses intérêts. Il serait légal de le faire si ces agents embauchés admettaient pour qui ils travaillaient; mais il est clairement illégal de le faire de manière cachée.
Le ministère de la Justice n’a jamais poursuivi un tel agent travaillant pour Israël bien qu’il ait poursuivi d’autres personnes travaillant pour divers pays étrangers. En fait, l’une des nombreuses façons dont Michael Flynn s’est mis à l’eau chaude a été de prendre de l’argent à un homme d’affaires turc et allié d’Erdogan pour faire du lobbying au nom du gouvernement turc.
De toute évidence, il y a un double standard, car le gouvernement américain traite les agents israéliens avec des gants de velours et applique la loi à l’endroit des agents de d’autres pays. Il n’y a qu’une seule raison à cela: le pouvoir anesthésiant du lobby israélien les force à se taire lorsque des lois américaines impliquant Israël sont violées.
L’impunité de ce schéma est étonnante. Dans le passé, aucun groupe pro-israélien n’aurait osé prendre de l’argent directement du gouvernement israélien pour promouvoir leurs intérêts aux États-Unis. Le lobby israélien et les dirigeants israéliens connaissent clairement les règles. Mais avec l’ascendant de Donald Trump et du Likud, les lois sont faites pour être enfreintes. Ou fait uniquement pour les autres.
Un groupe sioniste britannique et le ministère israélien ont conjointement financé 4 millions de dollars le festival «culturel» de Tel-Aviv
Le ministère a également produit un grand festival « culturel » à Londres, officiellement pour promouvoir Tel Aviv en tant que destination internationale. Une note rédigée par le personnel d’Erdan décrivait les coûts et proposait des partenaires britanniques: le gouvernement israélien et la Fédération sioniste britannique se partageaient le coût de 1,6 million de dollars. Ce faisant, le groupe britannique n’est plus qu’une extension nationale du gouvernement israélien. La note du ministère indiquait également qu’il avait contacté le Board of Deputies et la BICOM, deux grands groupes pro-israéliens, et chacun avait refusé de participer à ce montage financier.
J’ai demandé au Board of Deputies et à la Fédération sioniste de confirmer cette information et de m’informer de tout autre financement du gouvernement israélien qu’ils ont reçu. Ni l’un ni l’autre n’ont répondu.
Hen Mazzig: juif gay, et de couleur, israélien… et agent du gouvernement
Dans un cas qui a des répercussions locales ici à Seattle, le Forward a rapporté dans 2018 que Hen Mazzig, prétendument agissant en tant que «consultant» pour l’agence de publicité du gouvernement israélien, a reçu 49 000 dollars pour s’engager dans des activités pro-israéliennes aux États-Unis et dans le monde. Mazzig a également employé un «assistant» payé par le gouvernement. Mais le Forward a découvert que le financement réel provenait du ministère des Affaires stratégiques israélien , qui est une agence de quasi-renseignement secrète chargée de lutter contre la «délégitimation» d’Israël et du BDS.
Le documentaire Al Jazeera, The Lobby, a présenté un autre personnage israélien douteux qui travaillait pour le même ministère à l’ambassade d’Israël du Royaume-Uni. Il a conspiré avec des juifs britanniques pour saboter la carrière de hauts dirigeants conservateurs jugés insuffisamment fidèles à Israël. En raison de la mauvaise publicité à l’endroit du programme, il a perdu son emploi.
Entre 2016 et 2018, Mazzig a écrit des articles d’opinion, s’est établi devant des groupes universitaires et s’est engagé dans des attaques incendiaires contre des groupes pro-palestiniens aux États-Unis, au Royaume-Uni et ailleurs. Aucun des collèges qui lui ont payé un cachet pour ses interventions ne savait qu’il agissait en tant qu’agent du gouvernement israélien. Aucune des publications publiant son plaidoyer n’a indiqué qu’il était un agent rémunéré de l’État israélien.
Mazzig soutient qu’il n’était pas un de leurs agents parce que le paiement qu’il a reçu n’était pas pour un travail dirigé ou supervisé par le gouvernement israélien. Il fait valoir qu’en tant que consultant, il était un agent libre qui a offert des conseils au gouvernement, mais n’a pris aucune direction en retour. Ceux d’entre nous qui connaissent Mazzig et son histoire connaissent sa tendance à mentir ou à déformer la réalité à son avantage et à celui d’Israël. Personne de sensé ne croit qu’Israël paie qui que ce soit pour promouvoir ses intérêts sans lui indiquer d’une manière ou d’une autre ce qu’il doit faire. De plus, l’idée que le gouvernement israélien doive payer quiconque pour lui dire ce qui se passe sur les campus universitaires est ridicule. Il a littéralement des milliers de façons d’e recueillir de telles informations sans payer Hen Mazzig pour le faire.
L’Israélien a travaillé pour StandWithUs (y compris ici à Seattle, où j’ai eu le malheur de le rencontrer pour la première fois) avant de sortir seul en tant qu’agent rémunéré de l’État. Quelle est la différence entre être un agent israélien et un membre du personnel de la SWU? La seule différence est de savoir qui vous paie.
StandWithUs a également reçu des fonds du gouvernement israélien, bien qu’il affirme l’avoir fait par inadvertance. Le propriétaire des New England Patriots, Robert Kraft, a reçu le prix Genesis de 1 million de dollars au milieu d’un scandale impliquant des visites dans un salon de massage et des accusations de sollicitation de relations sexuelles. Il a ordonné que le cadeau soit transféré à des groupes pro-israéliens. SWU était l’un d’entre eux. Cependant, le ministère a décidé d’ajouter 1,6 million de dollars de ses propres fonds à ceux distribués aux groupes anti-BDS. Comme les fonds étaient amalgamés, il n’y avait aucun moyen de déterminer si l’organisation à but non lucratif recevait des fonds de la Fondation Genesis ou du gouvernement. Cela signifie que la SWU violait le FARA en acceptant des fonds israéliens pour s’engager dans un plaidoyer pro-israélien aux États-Unis.
L’affirmation de Roz Rothstein selon laquelle le groupe qu’elle a fondé n’avait jamais pris d’argent israélien est fausse, comme l’ont rapporté les médias israéliens. Le gouvernement israélien a établi une salle de guerre et a recruté entre autres des juifs américains pour accroître son personnel pendant les périodes de crise où Israël s’était engagé dans des attaques militaires contre Gaza. Bien que la formation du personnel pour ce type de propagande ait eu lieu en Israël, elle a été financée par le gouvernement et la Hasbara qu’il a produite a été dirigée vers les plateformes de médias sociaux américaines. Le gouvernement a « résolu » ce problème en donnant de l’argent à StandWithUs pour gérer la salle de guerre par l’intermédiaire d’un tiers. Mais c’était un arrangement fictif comme je l’ai rapporté.
The Forward note que plusieurs grands groupes de lobbying américano-israéliens ont refusé les fonds, estimant que cela entacherait leur crédibilité. C’est à leur honneur. Mais d’autres étaient beaucoup moins pointilleux quant à l’identité de leurs partenaires financiers.
Ni Israël ni les groupes qui ont pris ces fonds ne semblaient s’en soucier dans le monde de la question plus large de la double loyauté référent à l’affirmation selon laquelle les juifs américains doivent loyauté non seulement à leur pays de naissance, mais aussi à l’État d’Israël. Ces affirmations sont utilisées depuis la fondation de la République contre les immigrants, les catholiques et autres pour promouvoir la peur et la haine des minorités. Les juifs ont travaillé assidûment depuis plusieurs décennies à prouver leur loyauté à ce pays. Ils ont été sensibles à toute affirmation contraire et ont accusé ceux qui brandissent ce gourdin contre eux d’antisémitisme.
Mais quand le gouvernement israélien finance directement les juifs américains pour leur lobbying, non pas au nom des intérêts américains, mais au nom d’Israël, c’est aller trop loin. Cela soulève des stéréotypes ignobles et leur insuffle une nouvelle vie.
Des rapports récents indiquent que le nouveau gouvernement israélien a confié le portefeuille des affaires stratégiques à un député du parti Blue and White. En conséquence, cette personnalité politique plus modérée a reconsidéré certaines des activités les plus agressives de l’ancien ministre, Gilad Erdan. Elle a également changé la politique d’Erdan interdisant au public d’accéder à la documentation et aux listes de financement du ministère. Le concert a été considéré comme un échec et pourrait être abandonné.
Mais ne vous y trompez pas: ce sont les tactiques voyous du gouvernement judéo-fasciste du Likoud d’Israël. Et ces tactiques, contrairement à ce célèbre dicton sur ce qui se passe à Vegas, ne restent pas en Israël. Ils sont exportés à l’étranger. Ils sont injectés dans la politique intérieure de pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne. En permettant à Israël de s’insérer dans les affaires des autres pays, nous lui offrons non seulement un pouvoir énorme, mais aussi un pouvoir que nous refusons à toute autre puissance étrangère.
Pourquoi les agences de renseignement des pays occidentaux sont-elles en état d’alerte en ce qui concerne l’ingérence de la Russie ou de la Chine dans leurs affaires intérieures, mais quand il s’agit d’Israël, cette dernière obtient pratiquement un laissez-passer gratuit? Pourquoi ce double standard? Bien sûr, la réponse est qu’il n’y a pas de lobby chinois ou russe dans ces pays. Aucun des deux pays n’a travaillé aussi longtemps, aussi dur ou aussi efficacement qu’Israël pour cultiver des relations et cumuler du pouvoir. Et quand ils essaient de le faire, ils le font généralement avec un marteau et des pinces au lieu de la subtilité que le lobby israélien applique.
Revenant à Erdan, il ne s’est pas glissé dans les boiseries. En fait, il a été promu à un nouveau rôle en tant qu’ambassadeur d’Israël auprès de l’ONU et aux États-Unis. Il aura formellement un rôle majeur dans la promotion du type de fronde anti-BDS dans lequel il s’était engagé dans son ancien ministère. Il ne subira pas les effets de recul du lobbying qu’il avait mis en place au nom d’Israël depuis Israël même. Maintenant, il pourra le faire directement sur le sol américain.
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