Les guerriers anti-annexion d’Israël devraient simplement abandonner
Gideon Levy
La faction Benny Gantz de Kahol Lavan ne renoncera pas à son dernier bastion. Ses dirigeants le combattront jusqu’à la dernière goutte de leur sang (sauf, bien sûr, en refusant de rejoindre le gouvernement): Annexion. L’annexion, c’est l’extrême droite, et eux, ils ne le sont pas. L’annexion signifie un désastre diplomatique et ils s’y opposent. C’est ainsi que l’histoire de l’annexion est devenue le dernier obstacle à la formation d’un gouvernement.
Une lutte est idéologique à la base. Ainsi, l’idéologie est revenue du pays des morts. Même le réseau des anciens est consterné: des centaines de membres des commandants de la sécurité d’Israël ont rendu public ce week-end une pétition contre l’annexion. Il n’y a pratiquement pas de général ou de brigadier général dans les réserves qui ne l’ait pas signée. Regardez ce que nous avons : un Kahol Lavan éclairé et quelques officiers justes et en quête de paix! Quiconque rêve encore de parvenir à un règlement peut être assuré. Kahol Lavan est sur ses gardes. Il n’y aura pas d’annexion.
Mais l’annexion de la Vallée du Jourdain a déjà eu lieu, il y a longtemps. Les auteurs venaient du centre et de la gauche sioniste, ceux-là mêmes qui le combattent maintenant. Ceux qui sont à l’origine de sa mise en œuvre, en fait de leurs propres mains, sont les mêmes généraux qui ont signé la pétition. Il n’y en a pas un seul dont les mains ne soient pas souillées du sang de cette annexion. De Gantz au général du corps blindé « Brigadier général Rabin, Yitzhak » de la pétition, tous ont participé à l’annexion qui a eu lieu il y a longtemps. Maintenant, ils montent les barricades contre ça. Ça n’arrivera pas, disent-ils. Et la vérité est que c’est déjà arrivé, et entre autres par d’eux.
Gantz pourrait tout aussi bien se rendre et abandonner son dernier bastion. Sa lutte n’a aucun sens. Les territoires occupés sont une partie inséparable d’Israël, qu’ils aient été annexés ou non. Gantz, en tout cas, soutient l’annexion de la vallée du Jourdain, et le principe, comme l’a écrit Bernard Shaw, a déjà été fixé, maintenant ce n’est qu’une question de prix.
Il n’y a plus de Ligne verte, il n’y a plus de différence entre Ra’anana et Efrat. La population est la même, les mêmes privilèges d’apartheid existent dans les deux endroits. La lutte contre l’annexion est un feu de paille. Il est douteux que cela ne se fasse jamais sous un président américain noyé dans le coronavirus. Mais même si Trump acceptait cette annexion, un moment avant qu’il ne quitte la scène de l’histoire, cela n’aurait plus aucune signification, de toute façon.
La réalité des territoires est ce qui est devenu irréversible. L’annexion serait en fait assez réversible. Il suffirait d’une déclaration pour y mettre fin. Un accord diplomatique mettrait fin à la souveraineté. Adolf Hitler a également proclamé l’annexion de l’Autriche et plus tard, il n’en est plus rien resté. L’Autriche est une terre souveraine, et il en va de même pour les Sudètes qui ont été récupérées par les Tchèques.
L’obstacle à la fin de l’annexion est en fait le nombre effarant de colons qui se sont dispersés sur le territoire, sans qu’aucun des opposants actuels ne lève le petit doigt, ni Gantz ni aucun des « Commandants pour un Israël sécure ». Tous sont partenaires du projet. Se prononcer maintenant contre l’annexion, c’est donner à la justice et à l’hypocrisie une mauvaise réputation.
Voir aussi : With the World Pre-occupied With Coronavirus, Israel Pushes a West Bank Land Grab
Distribué par PAJU (Palestiniens et juifs unis)
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