Arrêter la course

Non à la collaboration avec l’APARTHEID israélien

Mme Valérie Plante Mairesse de Montréal

Montréal, le 12 mars 2022

Par courriel : Mairesse@ville.montreal.qc.ca

 

Mme Valérie Plante Mairesse de Montréal Hôtel de ville

155, rue Notre-Dame Est

Bureau 210

Montréal (Québec) H2Y 1B5

 

Objet : Grand Prix Cycliste de Montréal

L’équipe Israël-Premier Tech

 

Madame la Mairesse,

Le Grand Prix Cycliste de Montréal 2022 aura lieu le 11 septembre prochain. La Ville de Montréal est un partenaire public de cet événement sportif de portée internationale. La Ville assume  donc  une  part  importante  de  responsabilité éthique  dans  la  promotion  de  cette compétition prestigieuse de haut calibre.

PAJU (Palestiniens et juifs unis) est maintenant dans sa 22e année d’existence. En tant qu’organisation de solidarité avec le peuple palestinien et défenseur des droits de la personne, notre lettre est porteuse d’une demande et d’une seule : votre intervention pour le retrait de l’équipe de cyclisme Israël-Premier Tech de la compétition.

L’équipe israélienne, d’abord appelée Israël Cycling Academy (ICA)1, devenue désormais, l’Israël Start-Up Nation (ISN), et finalement renommée Israël-Premier Tech a déjà fait l’objet d’une campagne de sensibilisation de la part de la Coalition BDS-Québec. Cette dernière vous a adressé  une lettre à  ce  sujet  en  date du  20  juillet  2020.  L’Équipe  Israël-Premier Tech  est différente des autres équipes. Elle est l’ambassadrice d’Israël dans le monde et compte sur ses coureurs pour jouer ce rôle.2

Le 12 janvier 2021, l’organisation israélienne des droits de la personne, B’Tselem a publié un rapport détaillé désignant Israël étant un État d’apartheid (A Regime of Jewish Supremacy from the Jordan River to the Mediterranean Sea).3

Le 27 avril 2021, dans un rapport de 213 pages, l’organisation américaine des droits de la personne, Human Rights Watch a réitéré qu’Israël est un État d’apartheid.4

Le 1er février 2022, dans un rapport dévastateur de 280 pages, Amnesty International déclare formellement qu’Israël est un État d’apartheid.5

Le 11 février 2022, l’ancien procureur général d’Israël, Michael Ben-Yair, a déclaré que son pays était un « régime d’apartheid » et a exhorté la communauté internationale à reconnaître cette réalité et à tenir Israël pour responsable. Ben-Yair a également déclaré qu’il était d’accord avec le rapport d’Amnesty International condamnant Israël comme un État d’apartheid.6

Selon feu archevêque Desmond Tutu, l’État d’Israël « pratique un apartheid pire que celui vécu par les Noirs en Afrique du Sud ». En ce sens, le changement de nom de l’équipe israélienne de cyclisme, qui se fait désormais appeler Israël-Premier Tech, n’est pas anodin. On se souviendra, en effet, que le parlement israélien a promulgué, en 2018, une loi définissant Israël comme L’État-nation du peuple juif dans lequel les non-juifs, soit plus de 20 % d’une population très majoritairement d’origine palestinienne, n’auront pas accès aux mêmes droits.

C’est un fait incontestable qu’Israël est un État d’apartheid. Considérez les faits suivants :

  • 93 % des terres, en Israël, sont réservées aux Juifs, les non-juifs ne pouvant ni en acheter, ni en louer.
  • En Cisjordanie, les colonies juives sont reliées entre elles et à Israël par un vaste réseau routier, strictement interdit aux Palestinien.ne. s.
  • Les Palestinien.ne.s des territoires occupés vivent dans des « bantoustans », sans contiguïté territoriale entre eux. Leurs déplacements sont limités par le mur de séparation et soumis à l’obtention de permis délivrés arbitrairement par les autorités militaires et sévèrement contrôlés par un système très élaboré de postes de contrôle.

Devant des crimes aussi graves, le silence n’est pas un choix, la neutralité n’est pas une option. Se taire équivaut à approuver. On ne peut pas invoquer l’argument fallacieux selon lequel il ne faudrait pas mêler politique et sport. Les aides accordées par les différents paliers de gouvernement au secteur culturel au sens large, incluant les subventions et l’accueil des compétitions sportives par les municipalités, ont un caractère éminemment politique, tout comme la législation et la réglementation en matière d’immigration, de santé et d’éducation, ainsi que l’organisation et le fonctionnement des services de police.

La participation de l’équipe Israël-Premier Tech au Grand Prix Cyclisme est un acte de blanchiment de l’apartheid par le sport.7 Il est aujourd’hui à la mode d’exclure la Russie des événements sportifs. Nous ne comprenons pas la tolérance occidentale contre la criminalité d’État pratiqué par Israël et son régime colonialiste d’apartheid.

La tentative de blanchir l’apartheid israélien par le biais du sport revient à soutenir un crime contre l’humanité. Cette équipe est un ambassadeur pour l’apartheid et devrait ainsi être exclue de l’événement Grand Prix Cyclisme de Montréal le 11 septembre 2022. Le Grand Prix Cyclisme ainsi que la Ville de Montréal seraient associés à cette criminalité internationale s’ils acceptaient la participation de cette équipe en septembre 2022.

Poursuivre la tradition anti-apartheid de la Ville de Montréal

On se rappellera avec fierté que le maire Jean Doré n’avait pas hésité à prendre les mesures nécessaires pour faire de Montréal une ville sans apartheid sud-africain. Dès son arrivée à l’hôtel de ville, en 1986, le maire avait fait amender la Charte de la Ville par le gouvernement Bourassa, afin de pouvoir interdire toute transaction de la Ville avec le régime ou avec des entreprises d’Afrique du Sud. L’administration municipale avait également écarté Shell d’un important contrat visant à approvisionner, en mazout à chauffage, l’ensemble des bâtiments municipaux, parce que la société pétrolière détenait des intérêts au pays de l’apartheid.

Nous nous attendons à ce que la mairesse actuelle de Montréal suive cette voie et fasse de

Montréal une ville exempte d’apartheid israélien.

Un geste fort et courageux, de la part de la Ville, consisterait à exiger le retrait de l’équipe de cyclisme Israël-Premier Tech du Grand Prix Cycliste de Montréal le 11 septembre prochain.

Le Grand Prix Cycliste de Montréal fera l’objet d’une contestation pacifique et citoyenne déterminée  à  rompre  le  silence  entourant  la  participation  de  Israël-Premier  Tech  à  cet événement. Tout comme la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud a fait l’objet de maintes formes de contestation par désobéissance civile, la lutte contre l’apartheid israélien suivra ce modèle qui inspire la lutte pour la liberté appuyée par un nombre grandissant de Québécoises et Québécois.

Nous vous remercions, Madame la Mairesse, de l’attention que vous accorderez à notre demande et nous demeurons disponibles pour en discuter avec vous et vos conseillers et conseillères.

Palestiniens et juifs unis

————————————————————————————————-

1 Cette dénomination a été conservée par l’équipe « continentale ».

2 “There is an absolute requirement for each rider and staff member to conduct him or herself at the highest level of sportsmanship, as they represent and act as ambassadors for the home nation……. The team ethos extends well beyond sports, with ISN and ICA acting as Israeli ambassadors abroad, …. ISN and ICA are non-profits with ambassadorial, touristic, social, and sporting missions”, …(http://israelcyclingacademy.com/peace-ambassadors/) and(http://israelcyclingacademy.com/our-story/)

3   «The Israeli regime enacts in all the territory it controls (Israeli sovereign territory, East Jerusalem, the West Bank, and the Gaza Strip) an apartheid regime. One organizing principle lies at the base of a wide array of Israeli policies: advancing and perpetuating the supremacy of one group -Jews -over another -Palestinians.

B’Tselem rejects the perception of Israel as a democracy (inside the Green Line) that simultaneously upholds a temporary military occupation (beyond it). B’Tselem reached the conclusion that the bar for defining the Israeli regime as an apartheid regime has been met after considering the accumulation of policies and laws that Israel devised to entrench its control over Palestinians.

4 «. . . the report says that « threshold » into a crime against humanity has already been crossed. « The Israeli government has demonstrated an intent to maintain the domination of Jewish Israelis over Palestinians across Israel and the occupied Palestinians territory, » reads the report. « That intent has been coupled with systematic oppression of Palestinians and inhumane acts committed against them. When these three elements occur together, they amount to the crime of apartheid, » it concludes.

5 Les autorités israéliennes doivent rendre des comptes pour le crime d’apartheid commis contre la population palestinienne, a déclaré Amnesty International mardi 1er février dans un nouveau rapport accablant. L’enquête présente en détail le système d’oppression et de domination qu’Israël inflige au peuple palestinien partout où ce pays contrôle ses droits. Sont concernés les Palestiniens et Palestiniennes qui vivent en Israël et dans les territoires palestiniens occupés (TPO), ainsi que les réfugié·e·s déplacés dans d’autres pays.

Le Rapport L’APARTHEID ISRAÉLIEN ENVERS LE PEUPLE PALESTINIEN UN SYSTÈME CRUEL DE DOMINATION ET UN CRIME CONTRE L’HUMANITÉ explique comment les saisies massives de terres et de biens palestiniens, les homicides illégaux, les transferts forcés, les restrictions drastiques à la circulation et le déni de nationalité et de citoyenneté des Palestiniens sont autant d’éléments d’un système qui relève de l’apartheid au regard du droit international. Ce système est maintenu par des violations qui, selon Amnesty International, constituent un apartheid en tant que crime contre l’humanité, tel que défini dans le Statut de Rome et la Convention sur l’apartheid.

Amnesty International demande à la Cour pénale internationale (CPI) de prendre en compte le crime d’apartheid dans l’enquête qu’elle mène actuellement dans le TPO et appelle tous les États à exercer leur compétence universelle afin de traduire en justice les auteurs des crimes d’apartheid.

6 .  «The 79-year-old, who served as Israel’s attorney general between 1993 and 1996, said Israeli courts uphold “discriminatory laws” to expel Palestinians from the occupied West Bank and East Jerusalem, which contributes to the “ongoing domination over these territories. . »

7 « (The primary objective of Israeli sporting diplomacy is that when you hear the country’s name, you won’t think of any of this. You won’t think about military checkpoints or the bombing of Gaza or the Palestinian occupation, or really Palestinians at all. Instead you’ll think about golden beaches, rooftop cocktails, Lionel Messi and Chris Froome bathed in a glorious sunset. “Most people don’t care about politics,” Adams has said. “Through world-class cultural and sporting events, we can reach the silent majority.”But push at the door a little, and all the classic sportswashing tropes are present: denial, whataboutery, the curious blend of incredulity and

aggression. “This is a peaceful country, go and hassle people who work in totalitarian regimes,” Adams told Cycling Weekly in 2020 in response to questions on Israel’s human rights abuses. Meanwhile, Twitter users were quick to spot that around the time Froome’s move to Israel Start-Up Nation was announced, his Twitter picture -a photograph from the Giro in which a number of Palestinian flags are visible in the crowd – was quietly deleted.) » (https://www.theguardian.com/sport/blog/2022/jan/24/sportswashing-is-associated-with-certain-countries-why-not- israel)

Nous avons besoin de votre aide

On vous demande de :

  1. Vous joindre à la campagne pour encourager les organisateurs du Grand Prix Cycliste et la Ville de Montréal à refuser la participation d’Israël Premier Tech au Grand Prix Cycliste de Montréal.
  2. Encourager vos membres et vos amis à y participer.
  3. Et, si le comité organisateur du Grand Prix Cycliste de Montréal et la Ville de Montréal acceptent la participation d’Israël Premier Tech, de vous joindre à nos activités non violentes pour empêcher le déroulement normal de la course.

Participez à la campagne

Nous contacter

ipt@paju.org

Share This