Les trois piliers de l’APARTHEID
Rappelons qu’Israël a été le seul pays à maintenir son appui inconditionnel, économique et militaire entre autres, au régime d’apartheid sud-africain pendant plus de 30 ans y compris quand l’ONU a pris la décision d’infliger des sanctions à ce régime en 1984. Est-il étonnant qu’Israël pratique aujourd’hui des politiques similaires envers la population palestinienne ?
1. Droits différents pour populations différentes
En Afrique du Sud, il y avait des droits différents pour les Blancs et pour les Noirs. Dans le cas d’Israël, il y a des droits différents ou à géométrie variable pour les Juifs et pour les non-Juifs. Par exemple :
- la Loi du Retour de 1950 permet à toute personne juive d’immigrer en Israël sans obstacle et de se voir accorder immédiatement la citoyenneté. Les PalestinienNEs n’y ont pas droit même si eux, leurs parents ou leurs grands-parents vivaient sur cette même terre;
- la Loi sur l’unification des familles adoptée le 31 juillet 2003, interdit aux PalestinienNEs des territoires occupés d’obtenir, par mariage avec unE citoyenNE israélienNE , la citoyenneté ou même un droit de résidence temporaire ce qui force entre autres nombre de citoyens israéliens palestiniens soit à quitter Israël ou à se séparer de leurs conjoints et de leurs enfants vivant en Cisjordanie ou à Gaza. Cette législation a été condamnée par le Comité des droits de l’Homme de l’ONU (6 août 2003) et le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (14 août 2003 et 14 juin 2007);
- les citoyens palestiniens d’Israël doivent porter une carte d’identité les désignant comme « non juifs » par le biais d’un numéro et par la façon dont la date de naissance y est inscrite.
2. Accès discriminatoire à la terre et séparation dans des zones géographiques différentes.
En Afrique du Sud, 87% des terres étaient réservées aux Blancs et le reste aux Noirs. Les Noirs vivaient dans des bantoustans, sorte de réserves où ils étaient privés de droits et devenaient des étrangers dans leur propre pays. Les Noirs devaient posséder des droits de passage émis par le gouvernement pour se déplacer mais pouvaient utiliser les mêmes routes que les Blancs.
À l’intérieur des frontières d’Israël :
- 93 % des terres sont réservées à l’usage exclusif des Juifs. Les non-Juifs n’y ont pas accès; ils ne peuvent ni en acheter ni en louer;
- la Cour suprême israélienne a rendu des décisions selon lesquelles les Palestiniens ne peuvent vivre sur des «terres juives»;
- il y a iniquités dans les services et l’aide au développement, non reconnaissance ou destruction systématique de villages palestiniens en particulier de villages arabes bédoins pour faire face à la « crise du logement » des Israéliens et Israéliennes.
Dans les territoires occupés :
- confiscation systématique des terres palestiniennes pour l’usage exclusif de citoyens juifs, par la force par un ensemble de dispositifs administratifs et législatifs (dont la Loi sur la propriété des Absents de 1950) et par une politique de « faits accomplis » sur le terrain: construction de colonies juives, empiètement par le Mur de séparation; contrôle des nappes phréatiques (eau);
- construction d’un système de routes qui relie les colonies juives entre elles et avec Israël mais strictement interdites aux Palestiniens et Palestiniennes qui doivent emprunter des routes séparées ou passant en-dessous des routes israéliennes de manière à ce que Palestiniens et Israéliens ne se rencontrent jamais;
- Interdiction pour les Palestiniens et Palestiniennes de construire une maison ou de réparer la leur à Jérusalem-est annexé; confiscation de maisons palestiniennes au profit de colons juifs;
- blocus implacable imposé aux habitants de Gaza qui vivent séparés non seulement des autres membres de leur peuple mais du monde entier; il leur est interdit d’en sortir et il est interdit d’y entrer (sauf depuis peu et par l’Égypte mais au compte-gouttes);
- « bantoustanisation » de la Cisjordanie : les Palestiniens et Palestiniennes vivent dans des bantoustans qui n’ont plus aucune contigüité territoriale entre eux; leurs déplacements sont limités par le Mur, soumis à l’obtention de permis délivrés arbitrairement par les autorités militaires et sévèrement contrôlés par un système très élaboré de postes de contrôle. L’ONU en a répertorié 634 en mai 2009.
3.Contrôle total de la population palestinienne et répression militaire.
En Afrique du Sud, la population noire était soumise à une importante répression dans les ghettos : interdiction et répression violente de toute manifestation même pacifique contre l’apartheid, amendes, emprisonnements arbitraires, torture. Dans les territoires occupés, la violence militaire israélienne contre les Palestiniennes et Palestiniens est comparable sinon pire, selon plusieurs experts : soumission à la loi martiale israélienne; répression violente de manifestations pacifiques (ex : le village de Bill’In ); assassinats ciblés et exécutions extra-judiciaires de militants et militantes; démolition de maison, destruction d’oliveraies, confiscation de biens, irruptions arbitraires de soldats la nuit dans des maisons palestiniennes; détentions administratives et préventives (plus de 12,000 prisonniers et prisonnières dont 500 enfants), mauvais traitements et torture; imposition régulière de couvre-feu; fermetures fréquentes d’universités; atteintes à la vie et à la santé des femmes (par ex : entre 2000 et 2006, 68 femmes palestiniennes ont accouché aux postes de contrôle avec comme résultat la mort de 33 bébés et de 4 femmes. En Israël, les citoyens et citoyennes d’origine palestinienne sont traités comme des citoyens de seconde zone : inégalités systémiques et discriminations entre autres dans l’accès aux services (santé, éducation), aux programmes, aux subventions, aux emplois, à la syndicalisation. L’ex-Archevêque d’Afrique du Sud, Mgr Desmond Tutu, a déclaré : « Je me suis rendu dans les Territoires Palestiniens Occupés, et j’y ai été le témoin de ségrégation raciale dans le réseau routier et le logement qui m’a rappelé tellement de choses que nous avons vécues en Afrique du Sud lorsque nous vivions dans un régime raciste d’apartheid » (The Guardian, 2002). Israël viole ainsi la Convention internationale sur l’élimination et la répression du crime d’apartheid (1973) (…) défini comme….« un système de ségrégation et de discrimination avec l’intention d’établir et de maintenir la domination d’un groupe racial de personnes sur un autre groupe racial de personnes et d’opprimer systématiquement celui-ci »
Vous en doutez ? La documentation démontrant qu’Israël pratique l’apartheid est abondante. Consultez les avis de juristes et les délibérations du Tribunal Russell sur la Palestine qui a examiné la situation pendant les quatre dernières années et conclut ses travaux en demandant entre autres (…) la convocation d’une séance spéciale de l’Assemblée générale des Nations Unies au sujet de l’apartheid israélien (Communiqué du 19 mars 2013). Consultez les analyses de deux auteurs l’un américain et l’autre israélien : Jimmy Carter, ex-président des États-Unis, Peace not Apartheid, (2006) Simon & Schuster Paperbacks et David A. Kirshbaum du Israel Law Resource Center, Israeli Apartheid. A Legal Perspective (2007). Consultez The Israeli Information Center for Human Rights in the Occupied Territories (www.btselem.org) en particulier leur rapport sur East: Jerusalem: Policy of Discrimination in Planning, Building and Expropriation.