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26 Mai, 2025

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La différence entre les enfants

GIDEON LEVY

Haaretz

Publié le 14 août 2014

Traduit de l’anglais par PAJU

Après le premier enfant, personne n’a sourcillé ; après le 50e, pas même une légère secousse n’a été ressentie dans l’aile d’un avion ; après le 100e, on a arrêté de compter ; après le 200e, on a accusé le Hamas. Après le 300e, on a accusé les parents. Après le 400e, on a inventé des excuses ; après les 478 (premiers) enfants, tout le monde s’en fiche.

Puis est arrivé notre premier enfant et Israël a été sous le choc. Et, en effet, le cœur se serre à la vue de la photo de Daniel Tragerman, 4 ans, tué vendredi soir chez lui à Sha’ar Hanegev. Un bel enfant, qui s’est un jour fait photographier avec le maillot bleu et blanc de l’équipe de football argentine, numéro 10. Et dont le cœur ne se briserait pas à la vue de cette photo, et qui ne pleurerait pas la façon dont il a été tué criminellement. « Hé, Leo Messi, regarde ce garçon », pouvait-on lire sur une publication Facebook, « tu étais son héros. »

Soudain, la mort a un visage, des yeux bleus rêveurs et des cheveux clairs. Un corps minuscule qui ne grandira jamais. Soudain, la mort d’un petit garçon prend un sens, soudain, elle est choquante. C’est humain, compréhensible et émouvant. Il est également humain que le meurtre d’un garçon israélien, l’un de nos enfants, suscite une plus grande identification que la mort d’un autre enfant. Ce qui est incompréhensible, c’est la réaction israélienne au meurtre de leurs enfants.

Dans un monde où il y a du bon, les enfants seraient exclus du jeu cruel qu’est la guerre. Dans un monde où il y a du bon, il serait impossible de comprendre l’insensibilité totale, presque monstrueuse, face au massacre de centaines d’enfants – pas les nôtres, mais par nous. Imaginez-les debout, alignés : 478 enfants, dans une classe de finissants de la mort. Imaginez-les portant des maillots Messi – certains de ces enfants les ont portés une fois, avant de mourir ; ils l’admiraient aussi, tout comme notre Daniel du kibboutz. Mais personne ne les regarde ; On ne voit pas leurs visages, personne n’est choqué par leur mort. Personne n’écrit à leur sujet : « Hé Messi, regarde ce garçon. » Hé, Israël, regarde leurs enfants.

Un mur de déni et d’inhumanité protège les Israéliens du travail honteux qu’ils accomplissent à Gaza. Et, de fait, ces chiffres sont difficiles à digérer. Des centaines d’hommes tués, on pourrait dire qu’ils étaient « impliqués » ; des centaines de femmes, qu’elles étaient des « boucliers humains ». Quant à un petit nombre d’enfants, on pourrait prétendre que l’armée la plus morale du monde n’en avait pas l’intention. Mais que dire des près de 500 enfants tués ? Que les Forces de défense israéliennes n’en avaient pas l’intention, 478 fois ? Que le Hamas se cachait derrière chacun d’eux ? Que cela justifiait leur assassinat ?

Le Hamas s’est peut-être caché derrière certains de ces enfants, mais Israël se cache désormais derrière Daniel Tragerman. Son sort est déjà utilisé pour couvrir tous les péchés de Tsahal à Gaza.

Hier, la radio parlait déjà de « meurtre ». Le Premier ministre a déjà qualifié ce meurtre de « terrorisme », alors que des centaines d’enfants de Gaza dans leurs nouvelles tombes ne sont victimes ni de meurtre ni de terrorisme. Israël a dû les tuer. Et après tout, qui sont Fadi, Ali, Islam, Razek, Mahmoud, Ahmed et Hamoudi – face à notre unique Daniel ?

Il faut bien admettre la vérité : les enfants palestiniens en Israël sont considérés comme des insectes. C’est une déclaration horrible, mais il n’y a pas d’autre façon de décrire l’état d’esprit en Israël à l’été 2014. Pendant six semaines, des centaines d’enfants sont massacrés ; leurs corps sont enterrés sous les décombres, s’empilant dans les morgues, parfois même dans des chambres froides pour légumes, faute d’espace ; lorsque leurs parents horrifiés portent les corps de leurs tout-petits, comme si de rien n’était ; leurs funérailles vont et viennent, 478 fois – même le plus insensible des Israéliens ne se permettrait pas d’être aussi indifférent.

Quelque chose ici doit se lever et crier : Assez. Toutes les excuses et toutes les explications ne serviront à rien – il n’existe pas d’enfant qu’on puisse tuer ou non. Il n’y a que des enfants tués pour rien, des centaines d’enfants dont le sort ne touche personne en Israël, et un enfant, un seul, autour de la mort duquel le peuple s’unit et pleure.

https://www.haaretz.com/opinion/2014-08-24/ty-article/.premium/the-difference-between-children/0000017f-e73a-dea7-adff-f7fbc6eb0000

Lire aussi :

https://spa.gov.sa/fr/N2293052 Plus de 17 952 enfants tués par l’occupation israélienne dans la bande de Gaza

https://www.courrierinternational.com/article/a-gaza-la-guerre-provoque-l-une-des-pires-crises-d-orphelins-de-l-histoire-recente_229539

NOTE DE PAJU:

Cet article de Gideon Levy date de 2014. Nous faisons référence au fait que la déshumanisation et le meurtre d’enfants palestiniens ont commencé bien avant le 7 octobre 2023. Un rapport publié par Middle East Monitor le 1er juin 2017 indique : « Israël a tué plus de 3 000 enfants depuis le 28 septembre 2000, date du début de la deuxième Intifada, jusqu’à fin avril 2017, selon un nouveau rapport. »

Le ministère palestinien de l’Information a indiqué dans un rapport publié à l’approche de la Journée de l’enfance que les forces israéliennes avaient blessé plus de 13 000 enfants et en avaient arrêté plus de 12 000 autres, et qu’elles détenaient toujours 300 enfants dans leurs prisons.

Le rapport publié hier indique que 95 % des enfants ont été torturés et agressés pendant leur détention.»

Il convient de noter qu’Israël est le seul État au monde à traduire des enfants devant des tribunaux militaires.

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